MAGAZINE CONSTAS

Le transport de l’électricité

Un système de développement du Québec

La première ligne à 735 kV, qui sera mise en service le 29 novembre 1965, changera le cours du développement énergétique du Québec et révolutionnera à tout jamais le monde de l’électricité.

Au fil des ans, le déploiement du réseau de transport d’électricité a permis au Québec de s’appuyer sur une énergie propre comme moteur de développement énergétique et économique.

Par Marie Gagnon

Depuis la mise en service de la première ligne à 735 kilovolts (kV) en 1965, le réseau de transport d’Hydro-Québec a beaucoup évolué. Cinquante ans plus tard, il comprenait neuf lignes à 735 kV couvrant plus de 11 000 kilomètres (km). Ces lignes sont les principales artères de ce réseau, le plus vaste en Amérique du Nord. Elles acheminent l’électricité produite dans le nord du Québec et sur la Côte-Nord vers les grands centres de consommation du sud de la province.

La ligne Micoua-Saguenay

La demande ne cessant de croître, le gouvernement du Québec a donné en 2015 le coup d’envoi d’une nouvelle ligne à 735 kV, le projet Chamouchouane-Bout-de-l’île. Toutefois, depuis 2011, la baisse de la consommation industrielle sur la Côte-Nord et la fermeture des centrales Tracy,

La Citière et Gentilly-2, obligent aujourd’hui la société d’État à réaliser un projet de renforcement pour assurer la fiabilité du corridor Manic-Québec.

La solution consiste à construire une nouvelle ligne à 735 kV, la ligne Micoua-Saguenay. Longue d’environ 250 km et comptant près de 600 pylônes, sa réalisation nécessite un investissement de 690 millions de dollars (M$), soit 632,3 M$ pour la ligne et 58,3 M$ pour la raccorder aux postes Micoua et Saguenay. Sa construction débutera en 2019 par le déboisement de l’emprise et sa mise en service est prévue pour 2022.

Le poste aux Outardes

Toujours dans le corridor Manic-Québec, la mise à niveau des équipements vieillissants des postes Micoua et Manicouagan ont justifié la construction du poste aux Outardes, un projet de 188 M$ complété en avril 2015. D’une superficie de 250 000 mètres carrés (m²), ce nouveau poste à 735kV pourra éventuellement être étendu à 522 500 m² afin de recevoir une section à 315 kV.

Pour le raccorder au poste Micoua, une ligne à 735 kV de 5 km a été mise en place, tandis que la ligne à 735 kV Laurentides-Micoua a été dérivée sur 4,5 km. Le projet a également nécessité le prolongement d’une ligne à 69 kV. Ces modifications au réseau permettront de dégager la marge de manœuvre nécessaire pour procéder à la modernisation des postes Micoua et Manicouagan, construits respectivement en 1960 et 1965.
Le raccordement de La Romaine

 

Le raccordement des centrales du Complexe La Romaine au réseau de transport d’Hydro-Québec nécessitera au final la construction d’environ 500 km de lignes de transport. Conçues à 315 kV et à 735 kV, elles seront exploitées à 315 kV. CR: Hydro-Québec.

 

Un peu plus à l’est, le raccordement du Complexe La Romaine a été complété en 2016. Ces nouveaux ouvrages intégrent les 1 550 mégawatts (MW) produits par les centrales de la Romaine en deux points du réseau, soit les postes Arnaud et des Montagnais, dans la région de Sept-Îles. Le projet de 1,29 milliard inclut en outre quatre postes de départ, tous en service à l’exception du poste de la Romaine-4, présentement en construction.

Fait à noter : mis à part la ligne à 315 kV reliant le poste de la Romaine-1 à celui de la Romaine-2, les trois lignes à 735kV seront exploitées à une tension de 315 kV afin d’intégrer une production additionnelle dans l’avenir. Dans cette perspective, les postes de départ des centrales de la Romaine sont équipés de transformateurs élévateurs auxquels il sear possible de greffer des transformateurs à 315-735 kV afin de porter la tension au niveau souhaité.•


Un peu d’histoire :  une première mondiale.

Au début des années 1960, la demande d’électricité croît au rythme de 7 % par année. Pour poursuivre le développement de ses ressources hydrauliques, le Québec doit aller toujours plus au nord. Mais pour transporter l’électricité sur de longues distances, il faut élever la tension. Et jusque-là, les lignes à haute tension avaient une capacité maximale de 315 kV. Pour acheminer l’énergie de Manic-Outardes vers le sud, il aurait fallu ériger 12 lignes de 600 km. La construction d’une ligne à 735 kV s’avère donc la solution optimale. Cette première ligne à 735 kV, qui sera mise en service le 29 novembre 1965, changera le cours du développement énergétique du Québec et révolutionnera à tout jamais le monde de l’électricité.