MAGAZINE CONSTAS

L’acceptabilité sociale

Un long et large chemin

L’acceptabilité sociale est devenue, au cours des dernières années, l’une des pierres d’assise des projets d’exploitation du territoire. Dans un monde où l’information devient de plus en plus accessible, le public exige d’être informé dès le début des projets, forçant ainsi les entreprises à peaufiner leur manière de faire pour faciliter la cohabitation avec les populations touchées.

Par Florence Sara G. Ferraris

« Aujourd’hui, c’est vraiment un élément central de notre travail, lance tout de go Nathalie Tremblay, directrice Environnement et développement durable à l’Association minière du Québec (AMQ). Et ce n’est pas propre à notre industrie, la plupart des projets actuels sont maintenant confrontés à ces enjeux. » En poste depuis trois ans, Mme Tremblay remarque que les citoyens sont plus au fait des projets, ce qui alimente leur désir de s’impliquer de manière plus active dans les différentes étapes des projets qui se trouvent à proximité de chez eux.

Guide de bonnes pratiques afin de favoriser l’acceptabilité sociale des projets (CPEQ)

Le Conseil patronal de l’environnement du Québec (CPEQ) a rendu public en 2012 un « Guide de bonnes pratiques afin de favoriser l’acceptabilité sociale des projets ».

« Depuis mon arrivée à l’Association, j’ai remarqué qu’un changement important s’est opéré, précise-t-elle. On est passé du stade de consultation publique à celui de participation publique. Les gens veulent être partie prenante des décisions qui sont prises, ils ne veulent plus être de simples observateurs. Il faut donc les impliquer dans l’élaboration des projets. »

Usine de Marbleton, Graymont. Pour répondre aux nombreuses préoccupations en matière d’acceptabilité sociale, les entrepreneurs travaillent de concert, depuis quelques années, avec le ministère de l’Environnement.
Usine de Marbleton, Graymont. Sur le terrain, les entreprises doivent mettre en place une série de processus pour s’assurer que leur projet nuise le moins possible aux populations avoisinantes.

Pour obtenir l’appui des populations locales, certains projets doivent s’adapter physiquement. C’est le cas, notamment, de celui de l’usine de Marbleton de Graymont où le tracé de la route a été adapté pour réduire la portée du bruit.

Processus continu

Pour répondre à ces nombreuses préoccupations, les entrepreneurs travaillent donc de concert, depuis quelques années, avec le ministère de l’Environnement, notamment, pour mettre en place des processus de consultation et de communication pour s’assurer que toutes les informations nécessaires soient acheminées aux bonnes personnes. Surtout, les entreprises ont dû prendre des moyens pour s’assurer que le tout se poursuive une fois le projet enclenché. « Les gens ne se contentent pas d’être informés au début et à la fin, ils veulent savoir ce qui se passe tout au long des travaux, insiste Mme Tremblay. Nous avons donc dû sensibiliser nos membres sur le fait que, du moment où il y a une idée de projet, avant même que les premiers travaux aient lieu sur le terrain, ils doivent commencer à informer les gens. »

La mise en place de comités de bon voisinage, par exemple, illustre cette volonté de tenir au courant les populations locales tout au long des travaux d’exploitations. « L’idée est que les gens sachent où et comment ils peuvent obtenir l’information dont ils ont besoin, mais aussi qu’ils sentent qu’ils pourront être écoutés tout au long du projet », explique la directrice.

Dialogue sain

Sur le terrain, les entreprises ont dû mettre en place toute une série de processus de communication. « L’idée est d’établir un dialogue avec les gens, de leur offrir une plateforme pour exprimer leurs craintes et leurs préoccupations, avance Nathalie Tremblay. Nous avons aussi un travail de démystification à faire pour être certain que les gens comprennent bien ce que l’arrivée d’une mine ou d’une carrière veut dire. »

Pour faciliter le travail des exploitants, le Conseil patronal de l’environnement du Québec (CPEQ) a, pour sa part, rendu public en 2012 un « Guide de bonnes pratiques afin de favoriser l’acceptabilité sociale des projets ». Ce document, disponible en ligne sur demande, offre aux entreprises des lignes directrices pour les aider à établir un dialogue sain avec les populations touchées par leur projet.

Pour y arriver, le CPEQ indique, notamment, dans son guide que les entreprises doivent faire preuve « d’écoute, de transparence et d’intégrité ». Il importe également qu’elles « croient aux retombées positives de la consultation et non qu’elles la perçoivent comme un passage obligé ».

Poids moral

Les processus mis en place pour obtenir un consensus auprès des populations locales n’ont toutefois pas de teneur légale, précise Mme Tremblay. « Les gens pensent parfois que les processus de consultation donnent le droit à la population de refuser qu’un projet voit le jour, explique-t-elle. Ça ne va pas jusque là. Le seul qui peut avoir vraiment le dernier mot, c’est le ministère de l’Environnement. »

Il est certain toutefois que, même si l’opinion du public ne peut renverser à elle seule un projet, les récriminations – ou, à l’inverse, les louanges – de la population sont tenues en compte par le Ministère lorsqu’il doit délivrer un permis d’exploitation, par exemple. « On a déjà vu des projets être retardés, faute d’acceptabilité sociale, concède la directrice Environnement et développement durable de l’AMQ. Dans d’autres cas, l’absence de consensus va inciter le gouvernement à imposer des conditions d’exploitations supplémentaires, voire plus strictes. Au final, c’est certain que l’opinion de la population est prise en considération ! » •