Marché de l’emploi

Chronique construction
AVIS D’expert

Alors que l’inflation et les pénuries de main-d’œuvre continuent de poser des défis dans tous les secteurs, l’industrie de la construction industrielle, commerciale, institutionnelle et travaux civils (ICITC) a fait figure de force positive pour l’économie du Canada en 2022 et continue de présenter des signes de croissance en 2023.

par Mary Van Buren, Présidente, Association canadienne de la construction (ACC)

Ces gains n’auraient pu se réaliser sans l’apport essentiel de sa main-d’œuvre, en particulier dans onze professions clés essentielles à ses activités. Bien que les tensions sur le marché du travail aient commencé à s’atténuer au deuxième trimestre, la demande actuelle et prévue dans le secteur de la construction et les futurs départs à la retraite projetés continuent de menacer la pérennité de la main-d’œuvre du secteur.

Le numéro le plus récent de la publication de l’ACC intitulée Analyse trimestrielle du secteur de la construction ICITC indique que le PIB du Canada a augmenté de 0,7 % au premier trimestre 2023, et que l’industrie de la construction a suivi avec une augmentation de 0,25 % au cours de la même période. Le secteur résidentiel a connu une baisse de 4 %, alors que le secteur ICITC a contribué à compenser avec une hausse de 4,3 % de l’activité dans le domaine de l’ingénierie et de la construction lourde.

Les prix de certains composants essentiels à l’industrie de la construction ont continué à baisser, ce qui ouvre des perspectives positives pour le secteur.

Le secteur non résidentiel au Québec a connu une expansion notable des activités de construction en 2022, ceci grâce à une augmentation de 15 % des investissements non résidentiels. L’afflux d’investissements a contribué à une augmentation de 11,7 % des activités de construction de l’ICITC dans l’ensemble de la province au cours de la même année.

Tendances de la main-d’œuvre dans la construction

Bien que des gains de main-d’œuvre aient été réalisés en 2023, l’industrie reste préoccupée par les départs à la retraite projetés et par une pénurie continue de compétences qui se traduira par plus de 300 000 emplois à pourvoir d’ici à 2028. Les travailleurs chevronnés continuant de quitter le marché du travail, il reste nécessaire d’attirer et de retenir des personnes aux compétences et à l’expérience variées pour répondre non seulement aux demandes actuelles de construction, mais aussi aux besoins futurs en matière d’infrastructure.

Alors que le deuxième trimestre 2023 a présenté une légère augmentation du chômage, le nombre d’emplois à pourvoir demeure élevé par rapport aux normes historiques. Les onze professions les plus employées dans le secteur de la construction représentent 61,3 % de tous les emplois vacants dans ce secteur. Au cours du premier trimestre de 2023, le Québec a constaté un grand nombre de postes vacants dans les professions liées à la construction, telles que les conducteurs de camions de transport, les aides de soutien des métiers et manœuvres en construction, les soudeurs et les charpentiers. Ensemble, ces professions représentaient 40 % de l’ensemble des postes vacants dans la construction.

En outre, selon le Système de projection des professions au Canada (SPPC), six de ces onze professions ont été classées comme étant « à risque » en raison des pénuries prévues au cours des dix prochaines années. Cette évaluation est également étayée par les recherches du Forum canadien sur l’apprentissage. La composition par âge de ces professions joue également un rôle important dans les pénuries projetées, car un grand nombre de travailleurs s’apprêtent à prendre leur retraite au cours de la prochaine décennie. En fait, 25 % de ceux qui occupent un emploi dans des professions telles que les conducteurs d’équipements lourds, les conducteurs de camions de transport, les mécaniciens de chantier et les mécaniciens industriels, sont âgés de plus de 55 ans, l’âge moyen de la retraite étant de 64 ans.

Au cours du premier trimestre de 2023, le Québec a constaté un grand nombre de postes vacants dans les professions liées à la construction, telles que les conducteurs de camions de transport, les aides de soutien des métiers et manœuvres en construction, les soudeurs et les charpentiers.

Le gouvernement fédéral a pris note de nos appels à l’action pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre prévues dans les métiers et a lancé un programme, Entrée express, pour accueillir les immigrants ayant une expérience professionnelle afin de pourvoir les postes professionnels vacants qui sont menacés.

Toutefois, il est important de souligner que seules six des onze professions les plus employées ont été incluses dans ce programme. Cette sélection restreinte soulève des inquiétudes quant à la nécessité d’adopter une approche plus stratégique pour remédier aux pénuries de main-d’œuvre dans les professions critiques. Bien que l’initiative du gouvernement en matière d’immigration démontre qu’il reconnaît les défis qu’affronte l’Industrie, nous demandons des mesures globales supplémentaires en vue de la durabilité et de la croissance à long terme de la main-d’œuvre du secteur de la construction ICITC.

Inflation des matériaux

Les prix de certains composants essentiels à l’industrie de la construction ont continué à baisser, ce qui ouvre des perspectives positives pour le secteur.

L’indice des prix des produits industriels, qui mesure la variation moyenne du prix des biens utilisés pour la production, a connu une deuxième baisse trimestrielle consécutive, diminuant de 1,2 pour cent au cours du deuxième trimestre 2023. Trois groupes clés de matériaux utilisés dans la construction, à savoir bois d’œuvre et produits du bois (-3,5 pour cent), produits énergétiques (-9,4 pour cent), et produits fabriqués de métal et matériaux de construction (-1,3 pour cent), ont également connu des baisses trimestrielles consécutives au cours de cette période.

La baisse des prix et l’amélioration des chaînes d’approvisionnement devraient atténuer les pressions sur les coûts au sein de l’industrie.

Pour obtenir plus de renseignements sur ce rapport ou sur les travaux actuellement menés par l’ACC pour traiter les questions abordées, veuillez envoyer un courriel à Louis-Philippe Champagne, directeur des relations gouvernementales et de la politique, ou Mario Baker, directeur adjoint de l’économie et de l’élaboration des politiques. ■