Réhabilitation de la station de pompage McTavish
Montréal y investira 250 M$ jusqu’en 2030
La station de pompage et le réservoir McTavish occupent l’entièreté d’un îlot situé sur le flanc sud du mont Royal. L’édifice atteignant quatre étages par endroit longe le réservoir souterrain construit entre 1945 et 1948, au-dessus duquel est aménagé le parc Rutherford. La construction d’une station de pompage sur la montagne est stratégique: elle permet de profiter de la force de gravité pour la redistribution de l’eau dans le réseau d’aqueduc. CR (texte et photo) : Ville de Montréal
Le projet se divise en deux phases de travaux distincts : la première s’étendra de juillet 2020 à la fin de 2022, et la deuxième, de janvier 2023 à la fin de 2030.
La Direction de l’eau potable de la Ville de Montréal vient de s’attaquer à la réalisation de son plus gros ouvrage d’infrastructure pour la prochaine décennie, soit la mise à niveau et la rénovation complète de la station de pompage McTavish.
Par Jean Garon
Comment qualifier l’envergure d’un tel projet, d’autant plus qu’il devra être réalisé dans un environnement urbain comme celui de Montréal ! Alain Larrivée et Jean-Christophe Damé, respectivement directeur de la Direction de l’eau potable et du service de l’eau et chef du bureau de projet McTavish, retiennent leur souffle un moment avant d’enchaîner : « Il s’agit d’un projet névralgique et stratégique qui vise à assurer la distribution en eau potable à plus de 1,25 million de Montréalais, en plus des hôpitaux et du service de sécurité incendie. En fait, c’est un mélange de travaux de réhabilitation, de reconstruction et d’ajout de nouvelles conduites qui permettront de sécuriser le réseau. »
Le projet se divise en deux phases de travaux distincts : la première s’étendra de juillet 2020 à la fin de 2022, et la deuxième, de janvier 2023 à la fin de 2030.
Les travaux de la première phase ont été confiés à l’entrepreneur Loiselle Inc., dont le montant de la soumission accepté par le comité exécutif s’élève à tout près de 37,5 M$. Ils consistent à remplacer les vieilles conduites de 2 100 mm sur une distance de moins de 500 m autour de la station de pompage, sous l’avenue du Docteur-Penfield. Ça comprend aussi le remplacement des vannes de branchement au réservoir. Il s’agit de travaux préalables qui permettront l’arrêt partiel de la station de pompage McTavish, nécessaire à la réalisation de la phase suivante.
Jean-Christophe Damé précise que les travaux de la première phase seront exécutés à ciel ouvert, ce qui affectera la circulation sur l’Avenue, entre la rue McTavish et l’avenue des Pins Ouest. Les professionnels impliqués dans la préparation des études préliminaires et les plans et devis sont Provencher Roy Architectes pour l’architecture et SNC Lavalin pour le génie civil, la structure, la mécanique des procédés, l’instrumentation et le contrôle et l’électricité.
La deuxième phase fait présentement l’objet d’appels d’offres pour le choix des services professionnels portant sur la préparation des plans et devis ainsi que pour le choix des équipements.
La deuxième phase fait présentement l’objet d’appels d’offres pour le choix des services professionnels portant sur la préparation des plans et devis ainsi que pour le choix des équipements.
Les travaux concernés seront principalement effectués à l’intérieur du bâtiment à compter de 2023, notamment pour le renforcement sismique de la structure du bâtiment, dont la construction remonte à près d’un siècle, ainsi que pour le remplacement des dix pompes à axe horizontal par des pompes à axe vertical et des conduites intérieures en acier inoxydable.
Cela comprend aussi la mise à niveau des systèmes de chauffage, de ventilation et d’air climatisé et le réaménagement complet des installations électriques. Alain Larrivée souligne à ce propos que l’apparence architecturale extérieure du bâtiment ne sera pas touchée par les travaux.
Quinze ans de préparation
Il faut savoir que plus de quinze années de travaux préparatoires ont précédé la mise en chantier de ce projet. La Ville a effectivement investi des millions dans la rénovation et la mise à niveau d’autres infrastructures reliées à celle de McTavish, soit des conduites principales d’aqueduc en périphérie du réservoir. La station McTavish et ses réservoirs alimentent et régularisent 60 à 65 % de toute l’eau potable distribuée sur le territoire desservi par les usines Atwater et Charles-J.-Des Baillets.
À cela s’ajoutent la reconstruction et la réhabilitation du réservoir et de la station de pompage Rosemont, qui seront remis en service en 2021, une installation qui avait été désaffectée en 1977. Ses nouvelles fonctionnalités diminueront le volume d’eau potable qui transite par McTavish et augmenteront la réserve du réseau de 40 %.
« Quand on arrêtera la moitié de la station McTavish pour la rénover, explique Jean-Christophe Damé, on perdra une portion ou la totalité de certaines fonctionnalités, lesquelles seront relayées par d’autres stations de pompage du réseau. En réduisant le débit à McTavish, on va avoir une marge de manœuvre avec nos stations environnantes pour maintenir le pompage vers les strates supérieures de la montagne. Rien n’est laissé au hasard, il faut être certain de réussir du premier coup. »
Un autre projet en parallèle
Un projet d’une telle envergure impliquera en parallèle la réhabilitation du vaste réseau de conduites de distribution d’eau potable qui s’étend sur 771 kilomètres à Montréal. Sa réalisation demandera un régiment de fournisseurs annuellement.
Alain Larrivée mentionne que la Ville s’est donnée comme objectif de renouveler 1 % de son réseau de conduites principales par année. Pour des travaux de cette nature dont les équipements ont une espérance de vie de 100 ans et dont la valeur s’élève à plus de 3 milliards $, cela implique donc des travaux de maintien d’au moins 30 M$ par année, et ce, à perpétuité.
La rénovation du réseau d’eau potable montréalais comporte toutefois un enjeu supplémentaire, compte tenu du rattrapage nécessaire résultant du déficit d’entretien et du sous-investissement chronique dans le réseau au cours des dernières décennies. En réalité, précise-t-il, « les besoins d’investissements pour la conduite principale sont estimés à environ 55 M$ annuellement pour les dix prochaines années ».
Quant à savoir si les investissements engagés dans les stations de pompages et les réservoirs permettront de combler la demande de consommation croissante à la Ville, Alain Larrivée indique que la consommation journalière d’eau potable fournie par McTavish et les usines Atwater et Des Baillets est de 1,6 million de mètres cubes, alors que la capacité d’alimentation peut atteindre 2,8 millions de mètres cubes par jour. ■