Hydro-Québec : lien Hertel- New York
L'exportation de 208 TWh d’électricité sur 20 ans
« Le projet a obtenu l’ensemble de ses autorisations du côté de l’État de New York, tout est au vert, conclut Sébastien Bélanger. (…) on est toujours en phase pour mettre en service la ligne au printemps 2026.»
Hydro-Québec prévoit livrer 10,4 TWh d’électricité par an à la ville de New York. L’inauguration des travaux de la ligne de transport souterraine devrait avoir lieu à l’automne 2023 et sa mise en service, dès 2026.
Par Pascaline David
Estimé à un coût total de 1,14 G$, le lien Hertel-New York sera vraisemblablement le projet le plus coûteux par kilomètre construit au Québec. Le contrat avec New York porte sur l’exportation de 10,4 TWh d’électricité vers la Grosse Pomme, pour une période de 20 ans. « Hydro-Québec a répondu à un appel d’offres de l’État de New York, qui cherchait à améliorer son parc avec de l’énergie propre et renouvelable », explique Sébastien Bélanger, chef du projet à Hydro-Québec.
La portion québécoise comptera 56,1 km de ligne souterraine et 1,6 km de ligne sous-marine. Elle reliera le poste Hertel, à La Prairie, à la frontière canado-américaine. Elle sera raccordée à la ligne prévue par le projet Champlain Hudson Power Express (CHPE), mené par le promoteur Transmission Developers inc. aux États-Unis. Un convertisseur sera installé au poste Hertel afin de convertir le courant alternatif du réseau d’Hydro-Québec en courant continu et d’alimenter la nouvelle interconnexion. « C’est ce qui coûte le plus cher dans le projet », précise Sébastien Bélanger.
Le BAPE mis à contribution
En novembre dernier, le ministre de l’Environnement, Benoit Charette, a chargé le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) de tenir une consultation ciblée sur les impacts du projet. « Non seulement il est possible de combler les besoins en approvisionnement au Québec tout en réalisant le projet de ligne d’interconnexion Hertel-New York, mais la société d’État a également l’intention d’accroître les occasions commerciales », peut-on lire dans le rapport publié le 16 mars.
Cette commission d’enquête du BAPE ajoute que, « face à l’urgence climatique et à l’imminence du besoin d’augmenter l’approvisionnement énergétique du Québec, la transition devrait être fondée sur une planification qui concilie ses besoins en approvisionnement et ses projets d’exportation d’électricité ». La société d’État estime que la ligne Hertel-New York pourrait permettre une réduction annuelle des émissions de gaz à effet de serre d’environ 3,9 millions de tonnes d’équivalent CO2.
La portion québécoise comptera 56,1 km de ligne souterraine et 1,6 km de ligne sous-marine. Elle reliera le poste Hertel, à La Prairie, à la frontière canado-américaine. Elle sera raccordée à la ligne prévue par le projet Champlain Hudson Power Express (CHPE), mené par le promoteur Transmission Developers inc. aux États-Unis. Un convertisseur sera installé au poste Hertel afin de convertir le courant alternatif du réseau d’Hydro-Québec en courant continu et d’alimenter la nouvelle interconnexion. « C’est ce qui coûte le plus cher dans le projet », précise Sébastien Bélanger.
L’enjeu des terres agricoles
Dans son rapport, le BAPE souligne toutefois que certaines considérations méritent une attention particulière. La ligne d’interconnexion doit traverser les territoires des municipalités régionales de comté (MRC) de Roussillon, du Haut-Richelieu et des Jardins-de-Napierville. Ainsi, le programme de suivi agronomique, qui permettra l’évaluation du rendement des terres agricoles, devrait être d’une durée de sept ans afin de garantir un retour à la normale du rendement. Le ministère de l’Environnement devrait également considérer la « compaction du sol tant en surface qu’en profondeur ».
Hydro-Québec se dit bien consciente de cet enjeu. « Sur les 58 km de ligne au Québec, on est à 95 % dans des emprises de route, donc il nous reste environ 2,5 km de tracé dans les terres, indique Sébastien Bélanger. Les agriculteurs ont des enjeux de compaction lorsqu’il y a des travaux dans les terres, c’est-à-dire qu’ils veulent s’assurer que le sol ne sera pas écrasé avec nos machineries lourdes et qu’ils n’auront pas de soucis sur leurs cultures. » Il donne l’assurance qu’il est possible d’éviter cela grâce à des matelas de bois permettant de dissiper la charge des équipements de construction.
Des inquiétudes existaient par ailleurs à l’égard du dégagement de chaleur causé par les câbles électriques de la ligne. « On a expliqué que l’impact serait minimal sur les cultures, dit Sébastien Bélanger. Les agriculteurs pourront aussi continuer à cultiver par-dessus nos installations, puisque la canalisation sera suffisamment profonde. » (Voir encadré de la page 47.)
Autorisations en cours
Hydro-Québec a déjà obtenu l’approbation du contrat avec la New York State Energy Research and Development Authority et par la New York Public Service Commission. « Le projet a obtenu l’ensemble de ses autorisations du côté de l’État de New York, tout est au vert, conclut Sébastien Bélanger. De notre côté, les processus sont assez longs, on a des petits délais qui s’additionnent, mais on est toujours en phase pour mettre en service la ligne au printemps 2026. »
La société d’État est actuellement en train de finaliser l’ingénierie du projet. « On doit aller chercher des permis provinciaux et fédéraux pour ce projet, puisque c’est une ligne internationale », ajoute le chef de projet. Des appels d’offres pour les différentes phases de travaux seront lancés dès le début de l’été 2023.
Au mois de février dernier, le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon, a déposé un projet de loi pour conclure une entente de copropriété historique entre le Conseil mohawk de Kahnawà:ke et Hydro-Québec. Celle-ci devrait se traduire par des « avantages financiers » pour la communauté sur une période de 40 ans. ■