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Des saillies drainantes nouveau genre à Montréal

La phytotechnologie au service de l’environnement et de la population

La principale fonction de ces saillies est de recueillir les eaux de pluie et d’en absorber une partie grâce à un processus d’infiltration (dans le sol), de ruissellement et d’évapotranspiration.

L’arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie innove en aménageant à plusieurs de ses intersections, des saillies drainantes, capables d’absorber de bonnes quantités d’eau. Une avancée pour l’environnement, la sécurité des piétons et la lutte aux changements climatiques.

Par Stéphane Gagné

En se promenant dans l’arrondissement Rosemont-La-Petite-Patrie, le marcheur verra apparaître des dizaines d’avancées de trottoir végétalisées aux intersections de certaines rues. Ces aménagements ont plusieurs atouts. Ils réduisent les îlots de chaleur, améliorent la sécurité des piétons aux intersections en réduisant le temps de traverse et limitent la quantité des eaux pluviales qui vont à l’égout.

En 2022, 28 de ces saillies seront aménagées dans l’arrondissement. Elles s’ajouteront aux 24 qui ont été déjà installées en 2021. L’initiative s’inscrit dans le cadre du projet Capteurs de pluie et est financée grâce au premier budget participatif de la Ville de Montréal. Il bénéficie aussi d’un financement du Programme de soutien aux municipalités dans la mise en place d’infrastructures de gestion durable des eaux de pluie à la source du ministère des Affaires municipales et de l’Habitation. Enfin, ce programme répond aussi aux objectifs du Plan pour une économie verte 2030, mise en œuvre par la Ville de Montréal.

C’est l’arrondissement, toujours à la recherche de solutions pouvant aider à la transition écologique, qui a eu l’idée de développer ces aménagements. « En partenariat avec le Service de l’eau de la Ville, nous avons cherché à optimiser le pouvoir d’absorption de l’eau de ces saillies, dit Carl Tremblay. Après avoir fait plusieurs tests, la technique est aujourd’hui normalisée et d’autres arrondissements ont commencé à les implanter.  »

Une éponge pour les eaux de pluie

La principale fonction de ces saillies est de recueillir les eaux de pluie et d’en absorber une partie grâce à un processus d’infiltration (dans le sol), de ruissellement et d’évapotranspiration. Pourquoi est-ce utile? C’est que lors de bonnes averses, les eaux de pluie et celles des égouts sont toutes deux acheminées en grande quantité vers la station d’épuration, dans l’est de l’île. Les quantités reçues dépassent alors la capacité de traitement de l’installation et les eaux pluviales, mélangées aux eaux usées, se retrouvent non traitées dans le Saint-Laurent. Cela contribue à détériorer temporairement la qualité de l’eau du fleuve.

Les plantes sont choisies spécifiquement pour leur résistance aux conditions changeantes (ex. : sécheresses, pluies abondantes) et leur système racinaire capable d’absorber l’eau facilement. Elles permettent aussi de limiter la chaleur au sol et contribuent à diminuer la pollution de l’air.

Les saillies drainantes ne font toutefois pas de miracle. D’autant plus qu’elles n’occupent que de petites superficies dans un grand territoire. Mais la solution, reproduite à plusieurs endroits, a un effet. « Ces saillies permettent de capter les premiers cinq millimètres d’eau de pluie, affirme Carl Tremblay, ingénieur à la Direction du développement du territoire et des études techniques de l’arrondissement, qui croit toutefois que cela pourrait être davantage et faire l’objet d’une évaluation plus approfondie.

Une technique innovante

C’est l’arrondissement, toujours à la recherche de solutions pouvant aider à la transition écologique, qui a eu l’idée de développer ces aménagements. « En partenariat avec le Service de l’eau de la Ville, nous avons cherché à optimiser le pouvoir d’absorption de l’eau de ces saillies, dit Carl Tremblay. Après avoir fait plusieurs tests, la technique est aujourd’hui normalisée et d’autres arrondissements ont commencé à les implanter. Il s’agit de Montréal-Nord, de Villeray-Saint-Michel-Parc-Extension et de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. »



Comment sont-elles conçues ? « Il faut d’abord identifier les endroits où les implanter, dit M. Tremblay. On choisit souvent les intersections où il y a un enjeu de sécurité pour les piétons, près des écoles, près des parcs, par exemple. Ensuite, une étude de sol est faite. Si le roc est trop près de la surface, on choisit un autre endroit, car cela exigerait des travaux d’excavation trop coûteux. Aussi, créer une saillie dans le roc ne permettrait pas à l’eau de s’infiltrer adéquatement. Si l’endroit est propice, on creuse une fosse d’un mètre de profond. On y ajoute du gravier dans le fond, puis un terreau. »

Vient ensuite l’étape de la plantation. Les plantes sont choisies spécifiquement pour leur résistance aux conditions changeantes (ex. : sécheresses, pluies abondantes) et leur système racinaire capable d’absorber l’eau facilement. Elles permettent aussi de limiter la chaleur au sol et contribuent à diminuer la pollution de l’air. À la surface, du paillis est ajouté afin de conserver l’humidité au sol et d’absorber le surplus d’eau. Ce recouvrement est également utile pour limiter la présence de mauvaises herbes et prévient l’érosion de la terre en cas de fortes pluies.



De la pierre est aussi présente dans la saillie. Elle a pour fonction de capter les sédiments provenant de la rue et de ralentir l’écoulement de l’eau dans l’aménagement, formant ainsi une barrière de rétention naturelle.

Autre aspect intéressant, la bordure de ciment de la saillie est abaissée, à un endroit, au niveau de la rue afin de permettre à l’eau de se diriger vers l’intérieur et cela se fait, peu importe la saison.

Qu’arrive-t-il en cas de grosses averses et d’un débordement ? Dans cette situation, la présence d’un puisard de trop plein à l’intérieur de la saillie permet de recueillir l’excédent d’eau qui ne réussit pas à s’infiltrer. L’ancien puisard de la rue sert alors de puisard de trop plein dans la saillie et n’a pas à être déplacé. Cela réduit par le fait même les coûts de construction.

Autres utilités des saillies

Enfin, les saillies drainantes embellissent la ville avec leur couvert végétal qui contribue à atténuer les îlots de chaleur et améliorent la sécurité des piétons. Ces avantages font en sorte qu’on en verra de plus en plus à Montréal et peut-être ailleurs. ■