Recherche et avenir / 50e de l’Institut de recherche d’Hydro-Québec.
Entretien avec Jean Matte Directeur principal de l’IREQ
Dossier Constas LA RECHERCHE ET L’INNOVATION CHEZ HYDRO-QUÉBEC
« Depuis sa création, l’IREQ nous garantit une indépendance incontestée en matière de recherches et d’avancées technologiques. Il est et restera un des maillons essentiels pour répondre aux enjeux que nous réserve la suite. » – Jean Matte
Au cœur des plus importants chantiers d’Hydro-Québec depuis sa création, l’Institut de recherche de la société d’État célébrait son 50e anniversaire en septembre dernier. Fort de ses années d’expérience et des nombreuses expertises acquises au fil des ans, l’IREQ est aujourd’hui prêt à faire face aux 50 prochaines. Entrevue tournée vers l’avenir, avec son directeur principal.
Par Florence Sara G. Ferraris
Inauguré en septembre 1970, à Varennes, l’IREQ est un des fleurons québécois. Pierre d’assise technique et scientifique de la société d’État, le centre d’innovation et son équipe multidisciplinaire ont en effet été partie prenante de la plupart des chantiers qui ont occupé la société d’État au cours de la seconde moitié du 20e siècle. « À la base, l’IREQ a été mis sur pied pour permettre à Hydro-Québec de perfectionner son premier réseau à très haute tension, expose le directeur principal du centre, Jean Matte. Mais on s’est très vite rendu compte qu’un tel institut était essentiel pour faire face aux nombreux défis que posent la production, la gestion et la distribution d’énergie. »
Calibre mondial
Cinquante ans plus tard, l’IREQ emploie plus de 500 experts qui travaillent sur toutes les facettes des activités de la société d’État, de la production jusqu’à la consommation, répartis à Varennes dans le Centre de recherche d’Hydro-Québec et le Centre d’excellence en électrification des transports et en stockage d’énergie, et depuis 1987, à Shawinigan, dans le Laboratoire des technologies de l’énergie, installé à Shawinigan depuis 1987.
Il est aussi un des éléments qui a permis – et continue de permettre – à la société d’État de tirer son épingle du jeu sur la scène internationale, souligne Jean Matte en précisant que l’on compte sur les doigts d’une main le nombre de grandes entreprises qui disposent d’un centre de recherche de cette envergure. Son passé est en effet jalonné de plusieurs projets qui ont non seulement marqué l’histoire d’Hydro-Québec, mais aussi celle des réseaux électriques à travers le monde. Parmi les plus importants, notons la conception d’HYPERSIM, un simulateur de réseau unique au monde permettant de réaliser des essais avant les mises en services de postes, de lignes à haute tension et d’autres équipements importants sur le réseau, ou encore les avancées en robotique pour l’inspection des lignes.
« Depuis sa création, l’IREQ nous garantit une indépendance incontestée en matière de recherches et d’avancées technologiques, insiste celui qui occupe la direction de l’Institut depuis maintenant quatre ans, une fierté manifeste dans la voix. Combinée aux expertises développées à l’interne et acquises au fil des ans, cette autonomie nous permet d’être plus compétitifs. L’IREQ est et restera un des maillons essentiels pour répondre aux enjeux que nous réserve la suite. »
Essentielle transition
À ce sujet, le directeur principal de l’Institut est catégorique : le plus important défi qui attend l’IREQ, et plus largement Hydro-Québec, est « la nécessaire transition énergétique ». « Au Québec, on a parfois l’impression que parce qu’on roule sur l’hydroélectricité, notre transition n’a pas la même importance… Je vous dirais qu’elle est surtout différente, nuance-t-il avec sérieux. Et, personnellement, c’est principalement pour participer à ce changement de paradigme que j’ai décidé de me joindre à l’équipe du Centre de recherche. C’est cet aspect qui me stimule le plus. »
« L’on compte sur les doigts d’une main, nous rappelle Jean Matte, le nombre de grandes entreprises qui disposent d’un centre de recherche de cette envergure. Son passé est en effet jalonné de plusieurs projets qui ont non seulement marqué l’histoire d’Hydro-Québec, mais aussi celle des réseaux électriques à travers le monde. »
Il précise tout de même que la société d’État se positionne déjà assez bien. « Hydro-Québec figure parmi les entreprises québécoises les plus vertes, note-t-il. Nous pouvons toutefois faire encore bien mieux. » Pour y arriver, des équipes de l’IREQ travaillent ainsi de manière intensive sur les batteries et le stockage d’énergie, alors que d’autres s’activent à diversifier les sources d’énergie – on peut penser ici aux travaux sur l’hydrogène ou sur la conception de carburants synthétiques – et à peaufiner les technologies de pointe, dont celles mettant à contribution l’intelligence artificielle. La mise sur pied en 2001 du consortium Ouranos, qui regroupe 250 scientifiques dont les recherches sont axées sur les potentiels impacts et répercussions de la crise climatique, suit également cette voie. « Chez Hydro, se réjouit Jean Matte, on parle souvent en termes de “projets de décennie”. C’est ce qu’on disait quand on parlait des grands barrages par exemple. Pour moi, la transition énergétique et la décarbonisation de nos économies sont, mais surtout doivent être ceux de la décennie à venir ! Tous nos efforts doivent aller en ce sens. » ■