La gestion des eaux à Saint-Tite

La gestion de l’eau dans une petite municipalité n’est pas une mince affaire, surtout quand, au gré des saisons, la géométrie variable de sa population devient un sport extrême. Chaque année en septembre, les 4000 âmes de Saint-Tite se multiplient par 25 à chaque journée de son Festival Western. Quid des eaux potables et usées ?

par Michel Joanny-Furtin

La Ville de Saint-Tite assure l’alimentation en eau potable de près de 7500 personnes réparties sur les territoires de Hérouxville, Saint-Séverin et Saint-Tite, ce qui représente une production annuelle d’environ 870 millions de litres d’eau pour desservir l’ensemble de ces municipalités. Rappelons que la ville de Saint-Tite abrite 3961 habitants. Or, d’après Tourisme Mauricie, le Festival Western a reçu 623 000 visiteurs en 2015. Ainsi, du 7 au 16 septembre dernier, ce festival renommé a accueilli une moyenne de 100 000 visiteurs par jour, dont près de 10 000 véhicules récréatifs (motorisés) qui se stationnent pour camper. Chaque jour du festival, la population de Saint-Tite se multiplie donc 25 fois. La Ville doit faire face à une demande accrue en eau potable durant cette période.

Saint-Tite capte l’eau potable par une prise d’eau de surface dans l’exutoire du lac Éric depuis une centaine d’années. Grâce à un barrage de 45 mètres, ce lac s’avère un réservoir de 2 000 000 m³ d’eau environ. Après un dégrillage puis une décantation, l’eau brute subit une désinfection au chlore gazeux. « Une réserve d’eau brute d’une capacité de 1 500 000 litres d’eau (1500 m3) assure une rétention de 4 à 8 heures en cas de bris sur le réseau », peut-on lire sur le site internet de la Ville. La distribution de l’eau dans les foyers saint-titiens se fait grâce à plus de 62 km de conduites majoritairement en fonte grise et en PVC. Tous les printemps, la Ville procède au rinçage de son réseau d’aqueduc. « Depuis sa construction au tournant des années 1950, peu d’améliorations ont eu lieu à l’exception d’un poste de chloration en 1990. »

Des installations renouvelées

Ainsi, depuis 2007, la Ville de Saint-Tite procède à la mise aux normes de la qualité de son eau potable par différentes installations. Constitué en 2010, le Service des eaux gère les systèmes de traitement et leur entretien, tout en veillant aux investissements nécessaires quant à l’amélioration du réseau et la qualité de l’eau. Ces installations incluent notamment :

• La construction d’une conduite d’amenée d’eau brute de 2 km entre le barrage et le site de traitement.
• La construction d’une nouvelle conduite de distribution (6 km) et d’un chemin d’accès aux installations.
• La construction de la prise d’eau au lac Éric, d’un dégrilleur ainsi que la rénovation du barrage (plans et devis en cours).
• La construction d’une centrale de production de l’eau potable : préachat du système de traitement, octroyé à H2O Innovation (plans et devis du bâtiment en cours).
• La rénovation de la réserve existante au centre-ville (plans et devis en cours).

« Nous sommes actuellement en appel d’offres, pour le branchement d’un puits au réseau d’aqueduc. Ce puits sera complémentaire à la source du lac Éric afin d’assurer l’avenir de la ville au niveau de la production de l’eau potable », explique Alain Tousignant, Directeur du Service des eaux. « Ces nouvelles installations permettront de compléter le volume requis afin d’alimenter la ville de Saint-Tite ainsi que les festivaliers du Festival Western de Saint-Tite. »

« En temps normal, la demande en eau potable avoisine les 1 800 m3 par jour » poursuit-il. « Pendant la durée du festival, la consommation moyenne se multiplie par 2. Mais lors de la première fin de semaine du festival qui accueille l’arrivée de nombreux motorisés, la consommation grimpe de 2,5 fois, soit à 4 800 m3 d’eau potable par jour ! »

Le traitement des eaux usées

En ce qui concerne l’assainissement des eaux usées, pour Saint-Tite seulement, c’est 1 022 millions de litres d’eaux usées traitées chaque année. Cette différence aqueduc-égouts, à la faveur des eaux usées, s’explique par leur fonction domestique, mais aussi par les intempéries et les infiltrations dans le réseau d’égouts. En effet, la municipalité utilise un réseau de type unitaire qui récupère les deux écoulements, pluvial et sanitaire.

« La mise à disposition des sanitaires pour les festivaliers se fait désormais sous la forme de toilettes à l’eau, des roulottes équipées, et raccordées au réseau d’égout de la ville », indique Alain Tousignant. « Pour les motorisés, la plupart des terrains de camping sont désormais raccordés au réseau. Pour ceux qui ne le sont pas encore, des petits camions de collecte des eaux usées les acheminent au réseau d’égouts. »

Saint-Tite dispose d’une station d’épuration depuis 1997. Les eaux usées y sont acheminées sous pression vers des étangs aérés en vue de leur traitement grâce à un réseau d’égouts de plus de 25 kilomètres de conduites, et trois stations de pompage. La station de pompage principale recueille environ 3 200 m3 d’eaux usées par jour.

51 ans d’expérience

« Les deux étangs en question sont équipés d’aérateurs; deux lagunes dans lesquelles on insuffle de l’air pour oxyder les impuretés », précise le directeur du Service des eaux. « Grâce à trois souffleuses dont nous pouvons gérer le débit et le rendement, ce type de procédure offre un traitement efficace et conforme aux règles sanitaires légales, notamment pendant le festival où elles fonctionnent à haut régime. »

Une fois traitée, l’eau est rejetée dans la rivière des Envies qui parcourt alors 74 km avant de se jeter dans la rivière Batiscan. « Depuis 1967, dit Alain Tousignant avec une pointe d’humour, nous avons acquis 51 années d’expérience quant à la mise en place d’infrastructures et de procédures en ce qui concerne l’approvisionnement et le traitement des eaux lors du Festival Western. » •

Saint-Tite, c’est…

7500 personnes à desservir.
623 000 festivaliers.
Jusqu’à 4 800 m3 d’eau
potable par jour.
Un barrage de 45 mètres.
3 stations de pompage.
62 km d’aqueduc.
25 kilomètres d’égouts.
1 022 millions de litres d’eaux usées annuellement traitées.