2024 : une année bien remplie !
Entrevue avec Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable
La ministre des Transports et de la Mobilité durable, Geneviève Guilbault, fait le point sur les réalisations marquantes de 2024 et les défis à venir en 2025.
propos recueillis par Xavier Turcotte-Savoie

Quels projets de votre ministère, réalisés ou lancés en 2024, vous rendent le plus fière, et pourquoi ?
J’ai déposé et fait adopter un projet de loi qui crée Mobilité Infra Québec, qui changera la manière de réaliser des projets de transport complexes au Québec, en captant l’expertise qu’on développe à chaque grand projet pour la mettre au profit des suivants. On aura ainsi enfin une vision nationale des besoins en matière de transport collectif, pour mieux cibler les projets à prioriser et nous donner les moyens de prendre le contrôle du développement de la toile de la mobilité au Québec.
On a beaucoup parlé de la création de Mobilité Infra Québec cette année. Quelle est votre vision d’avenir de cet organisme ?
L’idée est de doter le Québec d’une petite équipe d’experts spécialisés dans la gestion des projets complexes de transport collectif. Présentement, chaque Ville qui veut améliorer le transport collectif sur son territoire part un peu de zéro. Les bureaux de projets se multiplient, et les ressources sont éparpillées. Par exemple, toute la connaissance acquise pour le SRB Pie-IX ou le tramway de Québec n’est pas mise à profit pour les éventuels besoins de Gatineau ou Sherbrooke. C’est exactement ce qu’on veut changer. En centralisant l’expertise dans une même organisation nationale, on va gagner en temps, réduire les coûts et améliorer la qualité à chaque projet.
Plus précisément, concernant les modes de réalisation collaboratifs, quels seront les critères pour y faire appel et quelle est la quantité attendue de projets avec cette façon de faire ?
Déjà, nous avons franchi les premières étapes de notre tout premier projet en mode collaboratif : le troisième lien entre Québec et Lévis. Nous avons lancé un appel d’intérêt international, qui a suscité un engouement sans précédent. Vingt-trois entreprises ont signifié leur intérêt. Nous travaillons actuellement sur l’avant-projet préliminaire, que nous déposerons au printemps 2025.
Quels sont les grands projets sur la table du ministère en 2025 ?
Nous planifions présentement la prochaine année de travaux. Nous avons des grands projets un peu partout au Québec, par exemple la reconfiguration de la tête des ponts à Québec, la reconstruction du pont de l’Île-d’Orléans et du pont de l’Île-aux-Tourtes et la réfection du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine et du pont Laviolette, cette dernière devant se terminer cette année. Dans Chaudière-Appalaches, nous poursuivons la réhabilitation du chemin de fer Québec Central, un projet qui amène déjà des retombées économiques importantes dans la région. Et nous devons aussi continuer de retravailler la configuration de l’autoroute 55, considérant tout le développement économique au parc industriel de Bécancour et aux alentours.

L’ambitieux Plan d’action 2035 d’Hydro‑Québec créera des besoins importants en matière de main-d’œuvre, rivalisant possiblement avec les besoins du ministère des Transports et de la Mobilité durable. Quelles sont les solutions envisagées afin de réaliser tous les chantiers de génie civil nécessaires au Québec ?
On a de grandes ambitions pour l’avenir économique du Québec et, oui, on devra continuer d’être créatifs pour réaliser tout ça, mais c’est un beau problème ! On a démontré dans le passé qu’on est un gouvernement qui n’a pas peur de faire des changements et de mettre en place des solutions novatrices. On va continuer de le faire. Et on aura certainement besoin de la collaboration de l’industrie pour y arriver.
Le déficit de maintien d’actifs (DMA) est préoccupant. Quelle est la stratégie du gouvernement en ce qui concerne le rattrapage du DMA ? Croyez-vous, comme les experts indépendants du gouvernement l’ont annoncé, que la « tempête parfaite » approche ?
Effectivement, pendant des décennies, les gouvernements précédents ont laissé ce passif augmenter sans agir. Depuis notre arrivée, notre gouvernement a investi des sommes plus élevées que jamais dans l’entretien de nos actifs. Chaque ministère doit faire son plan annuel de gestion des investissements en infrastructure, qui s’apparente à une feuille de route, pour brosser un portrait de l’état des actifs et prioriser les interventions. Mais on doit aussi repenser les façons de faire parce qu’on voit bien que les méthodes traditionnelles ont des limites. On a fait un changement important avec le projet de loi no 62 de mon collègue aux Infrastructures, qui permettra de construire plus rapidement et de réduire les coûts. Nous devons continuer de simplifier et de rendre plus efficaces nos façons de travailler avec l’industrie, une de mes priorités depuis que je suis ministre des Transports et de la Mobilité durable.
… notre réseau routier a besoin d’investissements importants pour assurer la mobilité des personnes et des marchandises et le développement économique de nos régions. C’est fondamental dans un vaste territoire comme le nôtre.
— Geneviève Guilbault
Quelle est la vision du gouvernement en ce qui concerne l’importance à accorder aux projets de transport structurants, comparativement aux projets routiers ?
On doit faire les deux. Des milliers de Québécois ont besoin de projets structurants de transport collectif pour se déplacer à faible coût, et notre réseau routier a besoin d’investissements importants pour assurer la mobilité des personnes et des marchandises et le développement économique de nos régions. C’est fondamental dans un vaste territoire comme le nôtre.
Par ailleurs, l’un des grands enjeux actuellement est la quasi-absence du gouvernement fédéral dans le financement de la mobilité au Québec.
Quelles sont vos observations après l’adoption du PL 48, qui modifie le Code de la sécurité routière ?
Le projet de loi a été déposé dans la foulée du lancement de mon Plan d’action en sécurité routière 2023-2028, et du plan d’action spécifique pour la sécurité autour des chantiers routiers. Il est encore tôt pour mesurer pleinement les effets des changements à la loi puisque l’adoption a été faite il y a quelques mois seulement, mais déjà on voit des résultats concrets avec l’ensemble des mesures que nous mettons en place. Nous disposons maintenant d’un encadrement plus strict pour améliorer la sécurité des signaleurs routiers sur nos chantiers, avons instauré une Semaine nationale de sensibilisation à la sécurité des travailleurs routiers et avons déployé une campagne de sensibilisation dans les grands médias. ■