Propulsa Innovations
De la musique forte au filtre à air…
Propulsa Innovations a remporté le prix Innovation, lors du 80e congrès de l’ACRGTQ, grâce à son filtre à air Epura, qui repose sur une technologie unique.
par Stéphane Desjardins
« Nous avons mis au point un système dont la particularité est qu’il est autonettoyant. Rien de tel n’existait auparavant sur le marché », explique Jean-Benoit Dumais, président-directeur général de la PME de Chicoutimi.
Cette technologie novatrice est en fait un système de préfiltration qui s’ajoute au réseau d’air original. Alimentée par un courant de 24 volts, elle comporte un capteur de pression et un indicateur de colmatage du filtre. L’opérateur peut ainsi lancer un cycle de nettoyage de 10 secondes, au besoin, ce qui élimine le traditionnel nettoyage du filtre à la main avec de l’air comprimé. D’autant plus que les opérateurs de machinerie lourde n’ont pas nécessairement accès à un compresseur.
La technologie Epura est née d’un besoin réel. « Nous avions un client, un recycleur de procédés industriels, qui était visé par des restrictions d’opérations par la CNESST. Cette situation entravait sa productivité. »
Denis Dumais, vice-président, Innovation, et surtout fondateur de l’entreprise et papa de Jean-Benoit, se lance alors dans la recherche et développement. Il multiplie les essais.
« Un jour, mon père écoutait de la musique forte dans sa voiture et a vu ses pantalons bouger, reprend Jean-Benoit Dumais. Il a étudié le phénomène. En utilisant des haut-parleurs dans son laboratoire, il a fini par isoler la bonne fréquence qui permettait le nettoyage de filtres. »
Propulsa Innovations a donc breveté cette nouvelle technologie, lancé un prototype en 2017 et multiplié les essais de terrain avec des clients, pour commercialiser Epura en 2019.
Qui est Propulsa Innovations ?
Propulsa Innovations a été fondée en 2016 par Denis Dumais, un homme d’affaires du Saguenay qui a longtemps travaillé dans le domaine du dépoussiérage industriel.
La PME a breveté sa technologie Epura dans 32 pays. Elle a des clients en Amérique du Nord, en Afrique et en Australie. Elle a conçu récemment une variante, sur un transporteur d’anodes à l’usine de Grande-Baie de Rio Tinto, en y ajoutant une cartouche d’épuration de gaz toxiques au charbon activé. La machine était fournie par l’équipementier EPIQ Mecfor, avec qui Propulsa Innovations a dû faire équipe pour réaliser ses tests en situation réelle.
Propulsa Innovations vend ses produits principalement à des sociétés forestières, des alumineries, des minières, de grands constructeurs, des entreprises de concassage mobile (asphalte, béton, pierre, agrégat) et des opérateurs de machinerie lourde. Elle compte parmi ses actionnaires les firmes Hewitt et MANN+HUMMEL.
Un nouveau marché
La PME a aussi commercialisé un produit dérivé, en 2020, pour la machinerie lourde. Dans bien des situations, la poussière envahit progressivement la cabine et cette dernière finit par ne plus se trouver en pression positive. Ce qui représente un risque pour la santé et la sécurité.
En conséquence, les opérateurs devaient multiplier les changements de filtres de cabine. Aujourd’hui, certains clients rapportent qu’ils n’ont plus à le faire avant un an!
De nombreux avantages
Propulsa Innovations propose ainsi une technologie révolutionnaire à une industrie qui, de l’aveu même de Jean-Benoit Dumais, est assez réfractaire au changement. Mais ses avantages sont indéniables grâce au niveau de filtration des poussières très fines de 99,73 % d’efficacité pour les particules de plus de 0,3 micron. Epura permet aussi de ne pas changer le filtre du système original. Il y a donc économie de temps et d’argent.
Un client du Burkina Faso qui devait changer ceux de ses tracteurs deux fois par jour a même estimé ses économies quotidiennes d’essence à 300 $. Un autre de La Baie rapporte des économies annuelles de 128 000 $ pour chacune de ses pelles mécaniques.
En prime, en période de pénurie de main-d’œuvre, il est avantageux que les opérateurs ne perdent pas leur temps à changer des filtres. En augmentant le temps de production, on réduit aussi les frais d’exploitation. Sans parler qu’une cabine plus propre améliore les conditions de travail, donc l’attractivité de l’entreprise.
Nous rendons service à nos clients et à l’environnement.
— Jean-Benoit Dumais, Propulsa Innovations
De plus, comme le moteur fonctionne selon le ratio air-essence du fabricant, il consomme moins de carburant. « Avec une mauvaise combustion, le moteur doit compenser pour aspirer davantage d’air. En consommant plus de carburant, il émet davantage de GES. Notre technologie permet de diminuer cette pollution », ajoute le président-directeur général. Ainsi, les émissions de CO2 peuvent être réduites de 300 % avec un moteur de 125 chevaux John Deere de 4 cylindres, rapportait en mai le magazine Australian Mining. Les entreprises soucieuses de leur empreinte environnementale en tiennent compte.
Par ailleurs, le filtre est fabriqué en aluminium. Il est produit au Saguenay–Lac-Saint-Jean, ce qui représente un achat local. Et puisqu’il élimine les changements de filtres, c’est autant de déchets qui ne finissent pas au dépotoir.
« Nous rendons service à nos clients et à l’environnement avec notre produit », conclut Jean-Benoit Dumais. ■