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Prolongement de la ligne bleue du Métro de Montréal

Après 43 ans d’attente, la STM a lancé les travaux

Des appels d’offres d’envergure seront lancés dans les prochains mois. La majeure partie du budget est assumée par Québec, mais une somme de 1,3 G$ provient d’Ottawa (environ 20 % des coûts).

Le projet, autorisé par le gouvernement Lévesque en 1979, est désormais évalué à 6,4 G$. Il compte notamment cinq nouvelles stations (dotées d’ascenseurs), 5,8 km de tunnels, deux terminus d’autobus, un stationnement incitatif, un tunnel piétonnier sous l’autoroute 25, un garage de trains souterrain et un atelier à l’est de l’autoroute 25. La mise en exploitation est prévue en 2029.

Par Stéphane Desjardins

Maha Clour, directrice de projets principale à la STM. CR: STM

Le tracé suit la rue Jean-Talon, puis, à partir du boulevard des Galeries-d’Anjou, l’axe de la rue Bélanger. Les stations seront situées aux angles du boulevard Pie-IX, de la rue Viau, des boulevards Langelier, Lacordaire et des Roseraies (arrondissement d’Anjou), avec un édicule de part et d’autre des voies rapides.

Creuser dans des secteurs très denses

Pour la première fois dans l’histoire du métro de Montréal, le creusement se fera avec un tunnelier, soit une machine qui permet d’excaver des tunnels dans divers types de sols et de roches. Il sera descendu dans l’excavation de la future station à l’angle du boulevard Pie-IX (où l’espace permet de manipuler cette machine géante) et fera le travail jusqu’à l’autoroute 25, où il sera extrait sur les terrains des Galeries d’Anjou. Le reste du tunnel, à l’est de l’autoroute 25, et le garage souterrain seront réalisés à l’aide d’un engin d’abattage et de creusement appelé haveuse. Ces travaux devraient commencer à la fin de 2024 ou au début de 2025.

Le tunnelier qui sera utilisé pour creuser le tunnel du prolongement de la ligne bleue. CR : STM

 

« Grâce au tunnelier, nous passons loin sous les infrastructures municipales, dans des secteurs très denses, où se trouvent des immeubles importants », explique Maha Clour, directrice de projets principale à la STM. Cela permet de maintenir une bonne capacité portante et d’éviter certaines failles. « Nous multiplierons les inspections de fondations avant et après les travaux. »

Le tunnel se situera à environ 45 m de profondeur et les stations, à 25 m. La STM a multiplié les forages et juge le roc de bonne qualité. Le creusage des stations nécessitera peut-être du microdynamitage.

Un tel chantier, en milieu urbain dense, génère des nuisances que la STM espère compenser par de nombreuses mesures de mitigation. Il y aura des contrôles de bruit et des parcours de camionnage prédéfinis, inclus dans les contrats. « Nous allons cohabiter avec commerçants et résidents pendant des années, dit Maha Clour. Nous visons la certification Envision, qui est l’équivalent LEED pour les projets de transport collectif. »

Les photos de chantier montrent des travaux préparatoires effectués. CR : STM / Julien Perron-Gagné
Travaux préparatoires pour la future ligne bleue. CR : STM / Julien Perron-Gagné

 

Depuis 2022, la STM et la Ville de Montréal ont effectué de nombreuses expropriations et l’acquisition de terrains ainsi que des travaux de déplacement.



À la mi-février, Ivanhoé Cambridge et la STM sont parvenues à une entente de gré à gré au sujet du dossier des expropriations. En 2020, la STM projetait d’exproprier 70 000 m2. Le déplacement du garage à l’est fait en sorte que seuls le Best Buy et le restaurant Boston Pizza des Galeries d’Anjou seront touchés. Initialement visés, McDonald’s, Les 3 Brasseurs, L’Académie, le bâtiment de l’ancien Madisons et Wendy’s seront épargnés.

La STM s’attend à un achalandage additionnel de 25 600 usagers aux heures de pointe (l’équivalent de 5300 automobiles). Un comité de toponymie a été formé en 2021 pour trouver des noms, surtout féminins, aux futures stations.

Appels d’offres

Près de 400 personnes travaillent actuellement au prolongement de la ligne bleue, à la STM et au sein des firmes partenaires. Des appels d’offres d’envergure seront lancés dans les prochains mois. La majeure partie du budget est assumée par Québec, mais une somme de 1,3 G$ provient d’Ottawa (environ 20 % des coûts).


La STM va aussi implanter un nouveau système de contrôle automatisé des trains (Communication based train control ou CBTC), dont l’appel d’offres se fera au deuxième semestre 2023 et qui sera étendu à toute la ligne bleue. Il permettra une communication en continu entre les trains et les ordinateurs qui gèrent leur circulation.

En 2019, la STM choisissait les firmes en consortium Lemay Bisson Fortin Architectes et ACDF Architecture pour la conception de certaines stations (à Montréal, chaque station a son propre design architectural). En janvier, après avoir passé 600 propositions au peigne fin, la STM et le ministère de la Culture choisissaient les artistes qui décoreront de leurs œuvres les futures stations : Ludovic Boney (Pie-IX), Jocelyne Alloucherie (Viau), Alain Paiement (Lacordaire), Marc Séguin (Langelier) et Nadia Myre (Anjou).

La STM s’attend à un achalandage additionnel de 25 600 usagers aux heures de pointe (l’équivalent de 5300 automobiles). Un comité de toponymie a été formé en 2021 pour trouver des noms, surtout féminins, aux futures stations.

Par ailleurs, un nouveau garage servira au stationnement nocturne et au lavage des trains. Il s’étendra de la station Anjou jusqu’à la structure auxiliaire située rue Pauline-Vanier, au nord de l’autoroute 40.

Un atelier sera érigé à l’angle de l’avenue Bourgneuf et de l’avenue de La Roche-sur-Yon, près du centre communautaire d’Anjou, au sud de l’autoroute 40. Le tunnel se terminera à l’angle du boulevard Châteauneuf et de l’avenue de la Loire. ■