MTQ et ACRGTQ : les chaussées souples en 2022 et 2023
Plusieurs révisions normatives à surveiller
Les travaux qui se font depuis deux ans avec la collaboration de l’ACRGTQ, mèneront à certaines modifications des exigences du MTQ pour 2022 et 2023.
Le congrès annuel 2022 de l’ACRGTQ sera l’hôte d’une présentation du ministère des Transports du Québec (MTQ) portant sur les dossiers techniques et les nouveautés dans le domaine des chaussées souples. Petit survol des sujets qui y seront abordés.
Par Jean Garon
La présentation de Michel Paradis, directeur à la Direction des matériaux d’infrastructures (DMI) de la Direction générale du laboratoire des chaussée au MTQ, s’attardera principalement sur deux chantiers techniques : les contrôles statistiques des enrobés bitumineux et la mise à niveau des centrales d’enrobage. Le directeur de la DMI passera en revue les travaux qui se font depuis deux ans avec la collaboration de l’ACRGTQ et qui mèneront à certaines modifications des exigences du MTQ, telles que discutées avec l’ACRGTQ pour 2022 et 2023.
Révision des exigences de la norme 4202
La production des enrobés dans quelque 180 usines québécoises repose encore aujourd’hui sur les exigences de la norme 4202 (Enrobés à chaud formulés selon la méthode du laboratoire des chaussées) qui date des années 1990. « Il n’y a pas eu de révision des exigences statistiques depuis ce temps-là, rappelle Michel Paradis. Le MTQ a maintenant un long historique qui permet de les mettre à niveau. »
Au fil des ans, le Ministère a accumulé environ 40 000 données statistiques à partir des cartes de contrôle qui lui sont transmises via le système AQHP () par les entrepreneurs producteurs d’enrobés. Ces données de contrôle qui portent sur une dizaine de paramètres de production (ex. : la granulométrie, la teneur en bitume, la quantité de particules passant au tamis 80μm, etc.) permettent de vérifier la stabilité et l’uniformité de la production tout en respectant les écarts admissibles normalisés et spécifiés dans le cahier des charges et devis généraux (CCDG) et dans les normes.
Ces cartes de contrôle demeurent un outil utile pour le donneur d’ordre mais surtout pour les entrepreneurs. Elles permettent de contrôler la production de 3 à 5 millions de tonnes d’enrobés bitumineux annuellement posés sur le réseau routier du Ministère.
Michel Paradis se montre rassurant : « On a vraiment pris en compte les données statistiques qui proviennent des entrepreneurs sur leur façon de produire, les écarts relevés ainsi que le niveau de précision de conformité que peuvent atteindre leurs usines. » La conclusion de cet exercice fait présentement l’objet de discussion avec l’ACRGTQ concernant les nouveaux écarts demandés par le Ministère pour les cartes de contrôle et les degrés de tolérance de non-conformité qui seront proposés en 2022 quant aux normes édictées dans le CCDG.
Révision des exigences de la norme AASTHO M-156
Après avoir visité, ces dernières années, des usines d’enrobage du Québec et examiné leurs normes de contrôle, puis comparé celles-ci avec les normes d’usines des provinces canadiennes et des États américains limitrophes, le MTQ a pu brosser un portrait de la situation. Il en est venu à la conclusion, en accord avec l’ACRGTQ, qu’une mise à niveau des centrales d’enrobage s’imposait quant aux contrôles de certains paramètres de leur système d’exploitation.
Le MTQ, en accord avec l’ACRGTQ, en est venu à la conclusion qu’une mise à niveau des centrales d’enrobage s’imposait quant aux contrôles de certains paramètres de leur système d’exploitation.
Ainsi, il sera question dès 2022 de mieux contrôler la proportion de matériaux recyclés entrant dans la composition des enrobés. « Sur demande du Ministère, explique Michel Paradis, l’entrepreneur devra prouver que cette proportion respecte les exigences du devis. Il faudra qu’il démontre que les masses ont été mesurées, que les proportions de matériaux recyclés incorporées aux enrobés neufs sont conformes aux exigences. »
Il en sera de même pour ce qui est du contrôle journalier de l’humidité présente dans les constituants pesés, incluant les matériaux recyclés. « L’humidité est un facteur qui affecte la propriété collante du bitume sur les granulats, rappelle-t-il, d’où la nécessité d’en assurer un assèchement préalablement à leur usage dans la production de la centrale d’enrobage. L’humidité des matériaux a un effet majeur sur les coûts de chauffage. L’entrepreneur a donc tout avantage de bien contrôler l’humidité de ses matériaux. »
Un troisième point sera également abordé au cours de 2022 concernant l’implantation d’un système d’alarme garantissant la présence des constituants dans chacune des bennes froides au moment de la production, incluant celle des matériaux recyclés. Michel Paradis souligne qu’un tel système vise à empêcher la production d’un enrobé en l’absence de l’une des composantes granulaires et à assurer que l’enrobé produit soit conforme aux exigences des normes à la sortie de l’usine.
Révision du devis 120 enrobés
La mise en œuvre des enrobés fait aussi l’objet d’une révision continue au fil des années. Avec l’aide d’équipes spécialisées en pose d’enrobés, Michel Paradis présentera les modifications suggérées par le MTQ pour la saison 2022 qui amélioreront la mise en œuvre conforme des enrobés prescrite dans le cahier des charges et dans le devis 120.
Point par point, la présentation visuelle a abordé les différentes techniques de pose des enrobés tièdes, et ce, à partir de la température de pose et de compactage jusqu’aux outils de pose et de compactage.
Quoi de neuf dans les enrobés et bitumes ?
La nouvelle classification MSCR des bitumes qui a été intégrée à la norme 4101 du CCDG a été largement présentée et adoptée, assure Michel Paradis. « Ce que l’on propose à l’industrie cette année, c’est d’avoir plus de bitume HRD (Haute Résistance au Désenrobage). C’est un bitume qui colle mieux sur les granulats et résiste davantage au désenrobage et à l’arrachement. On veut augmenter son usage de 60-65 % à 90 % dans les enrobés. »
« On a fait une dizaine de projets pilotes avec le EG-5 et on s’est assuré que les entrepreneurs sont capables de le produire et de le poser de façon correcte avec une belle qualité sur les chantiers. On a assuré aussi un suivi du comportement du produit sur une période de trois à cinq ans, ce qui inclut une exposition à deux ou trois cycles de gel-dégel. » — Michel Paradis
Par ailleurs, le directeur du DMI annonce la venue d’un nouveau mélange d’enrobé pour la couche de surface, le EG-5, qui a été normalisé cette année et dont l’usage devrait se répandre partout, y compris chez les municipalités. C’est un enrobé destiné à des interventions préventives sur des chaussées présentant de légères fissurations et ornières, des interventions qui peuvent préserver la qualité des routes et accroître leur durée de vie utile par la suite.
« On a fait plusieurs planches d’essai avec cet enrobé depuis 7 ou 8 ans, dit-il, et ce, à partir de travaux en laboratoire et de tests en chantier. On a fait une dizaine de projets pilotes avec le EG-5 et on s’est assuré que les entrepreneurs sont capables de le produire et de le poser de façon correcte avec une belle qualité sur les chantiers. On a assuré aussi un suivi du comportement du produit sur une période de trois à cinq ans, ce qui inclut une exposition à deux ou trois cycles de gel-dégel. » ■