MAGAZINE CONSTAS

Des villes intelligentes à édifier

La Commission des villes intelligentes de l’UMQ (Union des municipalités du Québec)

Dossier : Les villes intelligentes / Les penser, les construire

ASPECTS DU NUMÉRIQUE

Le monde municipal apprivoise de plus en plus la révolution numérique. Le maire de Shawinigan souligne que des dizaines d’applications numériques sont déjà en fonction dans les villes et municipalités.

Le numérique prend de plus en plus de place dans la gouvernance et la prestation des services publics. L’heure est à la mise à niveau des villes et municipalités de demain. «Les constructeurs, les ingénieurs et les architectes ont tous un rôle important à jouer dans l’atteinte de cet objectif des villes intelligentes » nous dit Michel Angers, maire de Shawinigan et président de la Commission des villes intelligentes de l’UMQ.

Par Jean Garon

Michel Angers

La transformation numérique des villes et municipalités du Québec est bel et bien en marche malgré la récente pandémie qui a contraint tout le monde à se mettre sur « pause » ces 18 derniers mois. La Commission des villes intelligentes reprend progressivement ses activités et mettra à jour sous peu son plan d’action. Elle fera notamment le point sur son outil d’autodiagnostic (diagnostic.umq.qc.ca) lancé en 2017, avec la collaboration du défunt CEFRIO (Centre facilitant la recherche et l’innovation dans les organisations). À ce jour, 364 municipalités s’y sont inscrites et 205 d’entre elles ont complété leur autodiagnostic.

Il est aussi question de déployer une communauté de pratiques, d’étendre l’accès à l’Internet haute vitesse en région et d’élaborer un modèle d’affaires pour les municipalités quant au déploiement de la technologie 5G sur leur territoire. Bref, elle entend poursuivre ses avancées en tablant sur les technologies de l’information.

« La donne a changé énormément. Les villes intelligentes se préoccupent davantage de l’environnement. » Les plus grands joueurs sont déjà engagés sur cette voie : Montréal, Québec, Laval, Longueuil, Lévis, Sherbrooke, Magog, Shawinigan…

Pour ce faire, elle peut compter sur l’aide d’un nouveau partenaire, en l’occurrence, l’Académie de la transition numérique (ATN) de l’université Laval (https://transformation-numerique.ulaval.ca). Cette dernière dispense quelques cours de formation de courte durée portant sur la cybersécurité et les notions essentielles qui favorisent la transformation numérique des organisations. Une nouvelle formation hybride y sera offerte cet automne sur le thème Découvrir le potentiel de la ville intelligente. L’Académie peut aussi collaborer à la réalisation d’enquêtes, à des travaux de recherche sur différents enjeux sociaux, ainsi qu’au traitement, à la gestion et à l’analyse de données.



À l’affût d’autres partenaires

La Commission développera également son réseau de partenariat, entre autres, avec des organisations à l’affût des courants et tendances en matière d’efficacité énergétique, de réduction de gaz à effet de serre (GES) et de protection de l’environnement.

De prime abord, une ville intelligente, c’est une ville qui sait bien dépenser, explique le maire Angers.

Que ce soit pour la construction ou la réhabilitation d’infrastructures souterraines, de routes, d’ouvrages d’art ou de bâtiments, le monde municipal a bien l’intention d’être plus sélectif dans le choix de ses fournisseurs de services, prévient le maire Angers. Il affirme d’ailleurs que ça paraîtra de plus en plus dans la formulation des futurs appels d’offres.

« La donne a changé énormément, dit-il. Les villes intelligentes se préoccupent davantage de l’environnement. » Les plus grands joueurs sont déjà engagés sur cette voie : Montréal, Québec, Laval, Longueuil, Lévis, Sherbrooke, Magog, Shawinigan…

Développement intelligent d’une ville De prime abord, une ville intelligente, c’est une ville qui sait bien dépenser, explique le maire Angers. « Si on construit une bibliothèque ou un garage municipal, par exemple, ça peut coûter un peu plus cher d’ajouter des cellules photovoltaïques au départ, mais le rendement énergétique qu’elles procurent à la longue s’avérera beaucoup plus performant et moins coûteux, sur le plan énergétique, que si le bâtiment en question n’en dispose pas. »



« Quand on construit des îlots de verdure, des pistes cyclables et d’autres aménagements pour améliorer la qualité de vie des citoyens, ajoute le maire, il n’y a pas de numérique là-dedans, mais ça entre aussi dans le concept de ville intelligente. Tous ces types de projets doivent bénéficier pleinement de l’expertise des concepteurs et constructeurs impliqués dans leur réalisation. »

Des applications numériques à la tonne

Le monde municipal apprivoise de plus en plus la révolution numérique. Le maire de Shawinigan souligne que des dizaines d’applications numériques sont déjà en fonction dans les villes et municipalités. « Chez nous, on a été la première au Québec à installer des lumières intelligentes au LED dont on peut contrôler l’intensité à distance. On peut aussi suivre notre réseau de transport en commun et notre flotte de véhicules par géolocalisation. »
Il existe bien d’autres exemples d’applications numériques, comme le système de gestion des poubelles intelligentes munies d’une puce, qui a été mis en place à Longueuil. Montréal teste actuellement le déploiement de la technologie 5G. Le maire Angers en profite pour nous dévoiler en primeur que la commission qu’il préside participera à une table de travail mise sur pied par le ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale, Éric Caire, portant sur le développement d’un concept d’identité numérique sécuritaire pour l’ensemble des citoyens québécois.

« Les villes ont tout intérêt à prendre le virage numérique, affirme Michel Angers. La transformation numérique est un facteur qui permet aux villes de devenir plus intelligentes, et le partage de données est donc au cœur des enjeux sur lesquels on travaille présentement. »

En dépit de toutes les avancées réalisées ces dernières années, il reste encore beaucoup de travail de sensibilisation et d’accompagnement à faire auprès des municipalités du Québec. « On est encore loin de la coupe aux lèvres en matière de numérique dans les villes et municipalités, admet le maire. Il précise toutefois qu’une ville n’est pas intelligente parce qu’elle est numérique, elle l’est parce qu’elle se sert du numérique comme outil.

« Aujourd’hui, dit-il, on peut s’informer sur beaucoup de choses avec les plateformes numériques branchées à l’Internet. Alors, aussi bien se servir de ces outils pour mieux informer notre monde, pour faire participer davantage nos gens à la vie démocratique de nos municipalités. » ■