Pandémie et municipalités
Accélérer les projets d’infrastructures
Le secteur a profité d’investissements majeurs dans le cadre du Programme d’aide à la voirie locale (PAVL), 310 M$ dont 100M$ ajoutés à cause de la pandémie. Cela a eu des impacts sur le terrain.
Comment les municipalités du Québec ont-elles vécu la pandémie et le retour des chantiers ? Nous avons consulté à ce sujet les deux grandes associations québécoises qui représentent le milieu municipal : la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et l’Union des municipalités du Québec (UMQ). La FQM regroupe plus de 1000 municipalités et municipalités régionales de comté (MRC) du Québec : c’est la voix des régions. L’UMQ, quant à elle, regroupe davantage les zones urbaines, avec plus de 360 municipalités (au-delà de 85 % de la population du Québec).
Par Jean Brindamour
Les mesures sanitaires ont évolué au cours des semaines et des mois derniers. Certains ont pu avoir l’impression qu’elles ont été excessives dans les régions, jusqu’ici généralement moins touchées par le coronavirus. À la FQM, on juge que les régions se sont senties protégées par ces mesures et les ont largement acceptées, voire saluées. Quoique les normes sanitaires aient été d’abord conçues et établies par les spécialistes de la Santé publique, les régions furent amplement consultées non seulement sur les mesures de développement, mais aussi sur les mesures de confinement sectoriel, même si, au bout du compte, c’était à la Santé publique de donner son feu vert.
Parmi les résolutions de l’assemblée des MRC du 22 juin dernier, mentionnons au moins la demande au gouvernement provincial d’une réforme d’Investissement Québec afin qu’il y ait davantage de partenariat entre l’organisme provincial et les élus locaux. Pour la FQM, il est important qu’lnvestissement Québec ne soit pas présenté comme le responsable du développement local et régional des régions, faisant fi du rôle et des responsabilités des MRC en ce domaine inscrits dans la loi.
Ajoutons la demande au gouvernement du Québec d’un Fonds d’action pour la relance des territoires doté d’une enveloppe budgétaire suffisante pour soutenir financièrement les initiatives provenant des municipalités, des groupes et des entreprises qui pourront contribuer à la relance économique des communautés. Ce Fonds s’appliquerait à toutes les régions de la province, y compris Montréal et Québec.
À la FQM, on estime qu’il est trop tôt pour tirer une ligne actuellement sur les conséquences du coronavirus. Du point de vue économique et social, la PCU change présentement la donne pour les régions, mais tout le monde craint l’automne. Quant à l’industrie de la construction, il y a beaucoup moins de retard dans les chantiers que l’on aurait pu le craindre au début de la pandémie. Et le secteur a profité d’investissements majeurs dans le cadre du Programme d’aide à la voirie locale (PAVL), 310 millions $, dont 100 M$ ajoutés à la suite de la pandémie. Cela a eu des impacts sur le terrain.
Accélérer les projets d’infrastructures
L’UMQ a été en contact quotidien, depuis le début de la pandémie, avec ses membres, à l’affût des enjeux des municipalités aux quatre coins du Québec, avec leurs différences. Elle a aussi fait part, par des échanges continus avec les autorités gouvernementales, des préoccupations du milieu municipal pour qu’elles soient prises en compte dans leurs directives.
La crise a eu des impacts significatifs sur les finances municipales. L’Union des municipalités du Québec a documenté en mai dernier la question et a chiffré les coûts à plus de 1 milliard $ pour les municipalités. L’UMQ travaille activement afin que le gouvernement du Québec annonce rapidement les sommes provenant des 19 milliards $ promis par le gouvernement fédéral, dans le cadre de l’Accord sur la relance sécuritaire, qui seront attribuées aux municipalités.
« Je propose aux municipalités de ne pas subir la COVID-19, mais bien de l’utiliser pour accélérer les changements, penser différemment, et pousser plus loin les gouvernements de proximité. »
– Suzanne Roy
Au printemps dernier, un Plan de relance économique municipal a été lancé par l’UMQ, qui propose une trentaine d’actions ciblées regroupées autour de quatre axes d’intervention : développement durable, mise en chantier des projets d’infrastructures, vitalité des municipalités et des régions et soutien aux commerces et aux entreprises.
En ce qui concerne le volet de la « mise en chantier des projets d’infrastructures », voici les 6 points principaux du plan de relance :
- Mettre en chantier les projets municipaux prêts à démarrer, en accélérant et en simplifiant les processus d’autorisation.
- Trouver un juste équilibre entre les projets.
- Diversifier les cibles d’investissement.
- Débloquer rapidement les sommes prévues au PQI 2020-2030 pour accélérer les investissements sur le réseau routier local.
- Faciliter la mise en chantier des projets industriels immobiliers et manufacturiers privés.
- Rendre opérationnel dès que possible le dépôt électronique des soumissions dans le Système électronique d’appel d’offres du gouvernement du Québec (SEAO).
Il reste à documenter à l’UMQ les effets de la pandémie sur les travaux de voirie et d’infrastructures en général. En réalité, il est encore trop tôt pour mesurer ses conséquences sur les municipalités du Québec et sur leurs chantiers. Jusqu’à ce qu’on connaisse la fin de l’histoire, les municipalités seront sur le qui-vive. Mais cette crise peut aussi être une opportunité pour leur développement, et en particulier pour l’épine dorsale de leur prospérité : les routes et les infrastructures. « On dit qu’il ne faut jamais gaspiller une crise, a pu déclarer Suzanne Roy, présidente de l’UMQ. Elle nous révèle et met en valeur le meilleur de nous-mêmes. Je propose aux municipalités de ne pas subir la COVID-19, mais bien de l’utiliser pour accélérer les changements, penser différemment, et pousser plus loin les gouvernements de proximité. » ■