« Nous, on ne fera jamais de la recherche de croissance ou de l’expansion au détriment de la qualité de nos ouvrages. On a une bonne équipe et on aime ça être en contrôle de nos projets, de nos décisions. »
– Mathieu Lafontaine
L’industrie de la construction a vu se développer de beaux fleurons parmi ses PME en quelques décennies, notamment dans les secteurs du génie civil et de la voirie. L’entreprise Lafontaine, sise à Lévis, est l’une de celles-ci qui rayonnent dans la grande région de Québec.
Par Jean Garon
L’entreprise familiale en est à sa troisième génération et reste animée par la passion d’entreprendre et de réaliser des ouvrages bien faits. Sa devise, « Bien faire du premier coup », témoigne de la rigueur dont elle fait preuve dans l’exécution de ses contrats.
Une fibre tissée serrée
Sa fibre entrepreneuriale s’est transmise de père en fils depuis la fondation de l’entreprise par Frank Lafontaine, en 1975, à Saint-Malachie, dans les Appalaches. Son fils aîné, Frankie, a repris les rênes de l’entreprise de location de machinerie lourde en 1982 et en a réorienté les activités dans la construction à titre d’entrepreneur général.
Une grande partie du succès de l’entreprise repose aussi sur la diversification de ses activités sur une base annuelle. Une dizaine de mois de travaux de génie civil, quelques mois de travaux d’hiver, plus des contrats ponctuels d’approvisionnement de ses carrières et sablières pour d’autres entrepreneurs suffisent à faire rouler l’organisation à l’année et surtout à fidéliser son capital humain.
Au fil des années, il a intégré à son tour ses deux fils, Mathieu et François, tous deux ingénieurs, respectivement à titre de vice-président Construction et vice-président Agrégats et déneigement. Tous deux forment une solide relève après quatorze années de préparation en coulisses. En commun accord avec leur père, ils ont convenu de désigner éventuellement Mathieu à la tête de l’organisation, tout en poursuivant leurs activités chacun dans leur domaine d’expertise sous le même chapeau.
L’entreprise est reconnue aujourd’hui comme l’un des chefs de file dans ses secteurs d’activité, avec un chiffre d’affaires atteignant 100 millions$ en 2019 et une force de travail de plus de 300 employés. Beau succès pour une entreprise qui a grandi pas à pas d’un marché local à un marché régional, pour ensuite couvrir un territoire plus grand à l’échelle provinciale allant du Grand Montréal jusqu’à la Gaspésie.
Pas de secret de réussite ni de recette, si ce n’est que les résultats doivent toujours égaler la qualité recherchée par ses clients. « Contrôle de la qualité », c’est encore et toujours le « leitmotiv » de l’organisation. Dès le début de ses activités, elle a d’ailleurs pris soin de rédiger son propre manuel de gestion de chantier dans lequel elle détaille les meilleures pratiques, quitte à les améliorer en cours de route avec son personnel chargé de les appliquer sur le terrain.
Le président Frankie Lafontaine est catégorique : « Ce n’est pas quelque chose d’imposé dans l’organisation, c’est quelque chose de vivant qui s’enrichit parce qu’on n’a pas peur de se remettre en question. Si une procédure ne fait pas l’affaire, on n’hésitera pas à la changer. »
Un modèle d’affaires horizontal
« Pour tirer son épingle du jeu dans une industrie compétitive et saisonnière comme celle de la construction, il faut que ce soit une passion, pas juste une occupation, » confie Mathieu Lafontaine au cours de notre entrevue.
Une grande partie du succès de l’entreprise repose aussi sur la diversification de ses activités sur une base annuelle. Une dizaine de mois de travaux de génie civil, quelques mois de travaux d’hiver, plus des contrats ponctuels d’approvisionnement de ses carrières et sablières pour d’autres entrepreneurs suffisent à faire rouler l’organisation à l’année et surtout à fidéliser son capital humain.
Pas étonnant non plus que l’entreprise mise sur ce précieux capital essentiel en construction. François Lafontaine rappelle à ce propos que l’organisation s’est fixée comme cible d’être un employeur exemplaire et recherché à la suite d’un exercice de planification stratégique mené en 2018. « Somme toute, souligne-t-il, on voulait faire du capital humain notre priorité. Ce qui s’est traduit par l’adoption du slogan “Mon employeur de choix”. Contexte de pénurie de main-d’œuvre oblige, les constructeurs doivent en effet rivaliser pour retenir leurs bons employés. Ça ne semble pas être un problème chez Lafontaine, même en ces temps de pandémie de Covid-19; elle a réussi à récupérer tous ses employés.
De la pandémie à l’après-pandémie
Cela dit, la réouverture récente des chantiers n’a pas été faite sans poser de problème à l’entreprise. « D’abord en raison du goulot d’étranglement chez les fournisseurs de matériaux », précise Mathieu Lafontaine. Puis, « au niveau de l’application des mesures sanitaires imposées sur les chantiers, ajoute son père, qu’on a dû apprivoiser ».
Ça a évidemment entraîné une baisse de productivité par l’obligation de désinfection des outils, de la distanciation des travailleurs et du lavage fréquent des mains. François Lafontaine estime pour sa part que « la force de l’équipe actuelle qui a à cœur le succès de l’entreprise et qui offre une stabilité à la main-d’œuvre reste un gage prometteur pour sa pérennité ».
Garder un œil sur l’horizon
Au cours de ses 45 années d’existence, c’est sûr que l’entreprise a connu plusieurs situations qui l’ont mise à l’épreuve, mais sa résilience lui a toujours permis de les surmonter. Forte de la solidité de sa relève, elle est aujourd’hui prête pour les nouveaux défis prodigués par un avenir qui, malgré la part d’inconnu et d’incertitude qu’il comporte, reste prometteur.
L’entreprise n’a pas de visées expansionnistes par le biais de fusions ou d’acquisitions. Elle ne compte pas non plus explorer des marchés à l’extérieur du Québec. Comme en témoigne son futur président, Mathieu Lafontaine : « Nous, on ne fera jamais de la recherche de croissance ou de l’expansion au détriment de la qualité de nos ouvrages. On a une bonne équipe et on aime ça être en contrôle de nos projets, de nos décisions. » ■