La fiche de prébétonnage
Un outil pour tous les intervenants
« La fiche de prébétonnage est un outil de base, une longue liste de contrôles techniques », explique l’ingénieur Luc Bédard (M. Ing., M.B.A.), directeur général de l’Association béton Québec (ABQ). « Cet outil reprend chaque étape du choix du mélange à la livraison du béton selon le chantier en cours. Ainsi, il est indispensable de connaître parfaitement où, comment et en quoi consiste le projet, car ces données définiront la formulation du mélange. »
par Michel Joanny-Furtin
« Pour obtenir un béton de qualité pour chaque formulation prescrite, une grande précision est nécessaire dans la mesure des constituants de chaque gâchée », précise Luc Bédard. « Il n’est pas rare d’avoir une dizaine de formules différentes de béton pour un même chantier : quel béton sera utilisé ; à quel endroit ; à quelle température, intérieure ou extérieure ; si le béton formulé nécessite un refroidissement ou un réchauffement ; s’il faut prévoir une installation de protection, etc. ? Cette fiche s’adresse à l’ensemble de la chaîne d’intervenants. Un bétonnage bien planifié contribue, entre autres, à l’obtention d’ouvrage de qualité. »
Sur les chantiers, les entrepreneurs évaluent la quantité de béton requise et le moment où il pourra être coulé. Ils commandent des quantités spécifiques à des heures précises afin que le béton puisse être mis en place aussitôt que la bétonnière arrive au chantier. « Chaque plancher d’un immeuble, chaque viaduc doit être coulé en entier sans interruption, d’un seul tenant », insiste le directeur général de l’ABQ. « Une opération de coulage peut s’étirer sur de très longues heures, voire plus d’une journée. Le béton doit alors être livré tout au long de la coulée. Durant le durcissement — la période de cure — les ouvrages fraîchement coulés sont chauffés en hiver et protégés du soleil et arrosés durant les chaleurs estivales, afin d’éviter le gel ou la surchauffe qui altéreraient les propriétés du béton. »
« Pour obtenir un béton de qualité, une grande précision est nécessaire dans la mesure des constituants de chaque gâchée », précise Luc Bédard. « Il n’est pas rare d’avoir une dizaine de formules différentes de béton pour un même chantier. »
Un outil de planification
Selon Luc Bédard, la fiche de prébétonnage est un outil de planification qui ne laisse pas beaucoup d’imprévus. « Il faut s’assurer de ne rien oublier, mais aussi que tous les intervenants soient sur la même longueur d’onde. Un état de fait qui détermine un plan opérationnel très précis. » La fiche est élaborée pour passer au travers de toutes les possibilités : Abri à prévoir, température, équipe, cadences, débits de livraison, etc. « Sur cette fiche de prébétonnage, on questionne aussi bien, les ajouts à l’usine, que le transport, la distance à parcourir, la capacité des camions, les ajouts au chantier, la mise en place et la consolidation du béton que l’état des coffrages, ou la protection contre le gel. On devra faire plusieurs fiches de prébétonnage s’il y a des changements de paramètres… »
« La fiche de prébétonnage est un outil de planification qui ne laisse pas beaucoup d’imprévus. Un état de fait qui détermine un plan opérationnel très précis. » — Luc Bédard
Une fois complétée, la fiche de prébétonnage est distribuée en format PDF à tous les intervenants du chantier. Elle reste ainsi accessible sous toutes sortes de formes imprimées et informatiques en lien avec les bases de données. « Dans le cadre des conditions générales avec l’industrie de la construction, nous avons arrimé la fiche de prébétonnage aux clauses de l’industrie dans le respect des exigences professionnelles. Il y aura ainsi autant de fiches de prébétonnage qu’il y aura de conditions d’utilisation. En effet, un bétonnage par temps chaud ne se fait pas dans les mêmes conditions techniques selon la saison. L’hygrométrie par exemple n’est pas la même en été, en automne ou en hiver. Les conditions de formulation et, par le fait même, les frais inhérents sont différents. Le chauffage des constituants du béton est parfois nécessaire quand la livraison s’effectue dans des conditions extrêmes », affirme Luc Bédard.
La certification des usines de béton
« Il n’y a pas de garantie à long terme sur le béton livré, puisque la responsabilité est assumée par les utilisateurs du produit. Nous ne sommes que le boucher qui apprête la pièce de viande ; le cuisinier en dispose quant à lui, selon sa recette », dit-il en souriant. « Toutefois, dans le même sens de notre responsabilité professionnelle, et selon le principe que le béton est un produit semi-œuvré, l’ABQ milite depuis trente ans pour la mise en place d’une certification des usines de béton. Ainsi, le nouveau code de la construction exige désormais un béton certifié dans le secteur du bâtiment. C’est un début, une façon de mettre la table », ajoute Luc Bédard. « Nous travaillons avec le Bureau de normalisation du Québec (BNQ) afin que le béton remplisse les conditions requises à la sortie de la dalle de la bétonnière. »•
À retenir / L’Association béton Québec regroupe pas moins d’une centaine de membres. « Environ 50 % de nos membres sont des producteurs de béton, et 50 % leurs sont associés », indique Luc Bédard, DG de l’ABQ. « Ces producteurs représentent plus de 160 usines de béton au Québec, et couvrent un large spectre dans l’industrie du bétonnage puisque nos adhérents assument 95 % du béton produit au Québec. »