MAGAZINE CONSTAS

Résorber la pénurie de main-d’œuvre, malgré la relance

Entretien avec Jean Boulet, ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale

« Nous sommes bien conscients que le manque à gagner en termes de main-d’œuvre est criant depuis longtemps dans ce secteur d’emploi », souligne le ministre du Travail, Jean Boulet.

Alors que la relance post-pandémie s’articule déjà autour de l’industrie de la construction, ce secteur économique névralgique est toujours aux prises avec d’importants problèmes de pénurie de main-d’œuvre. Le ministre du Travail Jean Boulet nous explique les efforts de son gouvernement pour y remédier.

Par Florence Sara G. Ferraris

Jean Boulet en conférence de presse. CR: MTESS

Déjà bien présente avant la crise sanitaire, la pression ressentie au sein de l’industrie de la construction en raison de la pénurie de main-d’œuvre s’est accentuée au cours de la dernière année. Il faut dire que la volonté du gouvernement de placer le milieu de la construction au cœur de la relance économique post-pandémie est claire, en témoigne d’ailleurs la nouvelle loi concernant l’accélération de certains projets d’infrastructures (projet de loi 66). Adoptée en décembre dernier, celle-ci vise en effet à accélérer la mise en œuvre de nombreux projets, notamment en assouplissant les processus d’approbation environnementale et en modifiant les modalités d’appels d’offre.

Pour l’industrie, cela veut dire que le travail ne manquera pas au cours des prochaines années. « Nous sommes bien conscients que le manque à gagner en termes de main-d’œuvre est criant depuis longtemps dans ce secteur d’emploi, souligne le ministre du Travail, Jean Boulet. Bien conscients aussi que le fait de venir accélérer la cadence de certains projets va exacerber cette situation. »



 

Le ministre espère favoriser l’intégration et la rétention de certains groupes de travailleurs sous-représentés, comme les femmes qui ont tendance à déserter les rangs du milieu beaucoup plus vite et en plus grande proportion que leurs vis-à-vis masculins. Idem pour les personnes immigrantes qui peinent encore trop souvent à se faire pleinement reconnaître.

Selon lui, toutefois, cette accélération est nécessaire. Il ne compte pas cependant laisser l’Industrie à elle-même. De concert avec la présidente du Conseil du trésor, Sonia Lebel, il vient d’ailleurs de déposer en ce sens un important plan d’action de 120 millions de dollars sur trois ans dans le but d’aider le milieu à faire face à ce qui s’en vient. Dévoilé en marge du plus récent budget provincial, ce plan vise en effet à permettre au milieu de surmonter les défis qui l’attendent, notamment en matière de rétention, de formation et de requalification de la main-d’œuvre.



Faciliter l’accès

Un travail en collaboration avec la Commission de la construction du Québec a également été fait pour faciliter l’accès aux chantiers, tout en respectant les nouvelles mesures sanitaires mises en place depuis le début de la pandémie. On reconnaîtra par exemple l’expérience des étudiants afin qu’ils puissent prêter main forte à l’Industrie au cours des périodes de pointe et l’on révisera à la hausse les ratios compagnons-apprentis.

Concrètement, Québec espère ainsi favoriser l’intégration de plus de 11 000 nouveaux travailleurs par année dans le domaine de la construction, en plus de bonifier leur formation pour l’adapter aux différents chantiers et aux régions.



Concrètement, Québec espère ainsi favoriser l’intégration de plus de 11 000 nouveaux travailleurs par année dans le domaine de la construction, en plus de bonifier leur formation pour l’adapter aux différents chantiers et aux régions. « Ces investissements devraient nous permettre de répondre rapidement aux besoins urgents des entreprises, explique le ministre Jean Boulet en entrevue. Soyez toutefois sans crainte, nous voulons faciliter l’accès aux chantiers, mais pas sacrifier la qualité des formations ou les conditions de santé et de sécurité des travailleurs. Nous ne ferons aucun compromis là-dessus ! »

Qui plus est, le ministre espère ainsi favoriser l’intégration et la rétention de certains groupes de travailleurs sous-représentés, comme les femmes qui ont tendance à déserter les rangs du milieu beaucoup plus vite et en plus grande proportion que leurs vis-à-vis masculins. Idem pour les personnes immigrantes qui peinent encore trop souvent à se faire pleinement reconnaître. « Oui, c’est important de parler de recrutement, mais il faut aussi trouver une façon de retenir les gens qui ont envie de travailler au sein de l’industrie », souligne-t-il avec vigueur. Un travail en ce sens et en collaboration avec la Commission de la construction du Québec est d’ailleurs en cours.



Négociation en cours

Ces efforts de collaboration sont d’autant plus nécessaires en un moment où les impacts de la crise sanitaire se font toujours ressentir. D’autant plus nécessaires aussi que les quatre principales conventions collectives dans l’industrie de la construction arrivaient à échéance à la fin du mois d’avril. Ces conventions concernent environ 190 000 travailleurs dans tous les secteurs de l’industrie au Québec: résidentiel, génie civil et voirie, industriel, commercial et institutionnel.

Interrogé sur l’avancement des négociations, le ministre s’est fait plutôt évasif, notamment en raison du caractère confidentiel de certains éléments de discussions. Au moment d’écrire ces lignes, à quelques jours de la date butoir, il assurait toutefois que la communication était toujours bonne entre les parties. « Nos meilleurs conseillers travaillent sur le dossier, j’ai confiance ! » ■