Infrastructures et environnement : Solution Bonaventure
Pour un fleuve plus propre
À ce jour, dans le secteur Ouest, ce sont plus de 122 000 000 de litres d’eau qui ont été traités, ce qui réjouit l’équipe de PJCCI. Celle-ci peut affirmer que ses installations remplissent leur mission et qu’en date d’aujourd’hui, les eaux contaminées de ces secteurs ne percolent plus vers le fleuve.
La société d’État fédérale Les Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée (PJCCI), à travers son projet Solution Bonaventure, s’est donné la mission de faire cesser la migration des contaminants présents dans les eaux souterraines vers le littoral du fleuve dans le secteur de l’autoroute Bonaventure. PJCCI, qui agit à titre de leader dans ce projet, s’est alliée à la Ville de Montréal et au ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) dans l’optique de retrouver un équilibre écologique et de revitaliser éventuellement ce secteur. Nous faisons un tour d’horizon avec Roxanne Gratton, géo. M.Sc., spécialiste environnement chez PJCCI, sur les actions menées, mais également sur les résultats qui sont pour le moins convaincants après les premières années d’exploitation des systèmes de confinement.
Par Magalie Hurtubise
Présenté comme une solution globale pour arrêter la migration des eaux souterraines contaminées et des phases flottantes d’hydrocarbures vers le fleuve, le projet s’est mis en œuvre il y a sept ans. «Il y a environ cent cinquante ans et pendant un siècle, des déchets ont été déversés dans le fleuve. Les normes environnementales n’étaient pas les mêmes autrefois et bien qu’elles aient depuis évolué, force est de constater que pendant de nombreuses années, la bande riveraine s’est élargie par le volume de matières rejetées à même le fleuve», relate Roxanne Gratton. Les études préliminaires du projet ont permis de noter la présence de deux types de contamination principaux, soit l’azote ammoniacal et des hydrocarbures pétroliers.
Solution, action
PJCCI s’est penchée sur les solutions à apporter vis-à-vis des contaminants qui ont été recensés d’une part dans le secteur Ouest qui regroupe les terrains longeant l’autoroute Bonaventure à l’approche du pont Champlain face à L’île-des-Sœurs et d’autre part dans le secteur Est délimité par la portion de l’autoroute Bonaventure entre les ponts Clément et Victoria.
Dans le secteur Ouest, où l’eau souterraine est principalement contaminée par la présence d’azote ammoniacal, une barrière hydraulique couplée à un système de captage et de pompage actif a été construite en 2016. Cette barrière d’environ 1,2 km de long est constituée d’une trentaine de puits situés à 30 mètres de la bordure du fleuve qui ont été installés dans des forages à une profondeur moyenne de 15 mètres. « Par le pompage des eaux, nous créons un cône de rabattement qui empêche l’eau d’atteindre le fleuve; c’est ce que nous entendons par barrière hydraulique », indique Mme Gratton.
L’eau aspirée par le système de pompage est ensuite envoyée au système de traitement pour subir des filtrations, des traitements biologiques et physico-chimiques, opération orchestrée par Sanexen Services Environnementaux Inc. Ce système permet de traiter en moyenne 290 m3/j d’eau contaminée, ce qui équivaut à 887 000 canettes/jour.
« Le rôle de ce système est de capter les eaux souterraines avant qu’elles n’atteignent le fleuve, de les pomper et de les traiter dans le système de traitement des eaux contaminées. Une fois traitée, l’eau est rejetée dans un émissaire de PJCCI et ensuite dans le fleuve », explique la spécialiste environnement.
Le secteur Est, dont les installations ont été construites en 2017, comprend un écran d’étanchéité flottant couplé à un système de captage à deux stations de pompage visant à arrêter la migration vers le fleuve, dans leur phase flottante, d’hydrocarbures pétroliers.
La particularité de cet écran d’étanchéité est qu’il a été réalisé selon la technique deep soil mixing. Cette méthode consiste à mélanger les sols in situ avec un coulis de ciment et bentonite. Le coulis durcit et forme ainsi le mur de confinement.
« Le malaxage in situ des sols est une méthode ayant été développée au Japon et utilisée dans le cadre de Solution Bonaventure par Pomerleau. C’est une première au Québec. Il s’agit d’un procédé audacieux compte-tenu de l’espace
restreint pour travailler et de la proximité du fleuve », souligne Mme Gratton.
Le mur de confinement du secteur Est traverse l’horizon de remblai jusqu’à au moins 2,5 mètres sous le niveau moyen de la nappe d’eau souterraine. En amont du mur, on retrouve 127 puits de captage qui sont reliés à 2 stations de pompage. Les hydrocarbures pétroliers présents en phase flottante sont arrêtés par le mur et s’accumulent dans les puits de captage. Chaque mois, si des hydrocarbures sont détectés dans les puits de captage, jusqu’à 10 000 litres d’eau contaminée contenant en moyenne 160 litres de diesel peuvent être pompés à partir des stations de pompage à l’aide d’un camion de type « vacuum ».
Résultats
À ce jour, dans le secteur Ouest, ce sont plus de 122 000 000 litres d’eau qui ont été traités – soit l’équivalent d’une quarantaine de piscines olympiques; ce qui réjouit l’équipe de PJCCI. Celle-ci peut affirmer que ses installations remplissent leur mission et qu’en date d’aujourd’hui, les eaux contaminées de ces secteurs ne percolent plus vers le fleuve.
« Nous avons atteint notre objectif premier. Le problème a été abordé concrètement et nous en voyons les résultats aujourd’hui », conclut Mme Gratton. •