Canal de Lachine et Vieux-Montréal
Une interconnexion d’infrastructures et de vocations
La Ville de Montréal fête cette année ses 375 ans. Un grand déploiement s’opère depuis les dernières années pour finaliser les grands projets qui permettront de donner une seconde vie à la métropole. Nouvelles attractions touristiques, aménagement de promenades, fouilles archéologiques; le tout se met en branle pour les festivités qui s’étaleront sur toute l’année. Lieu empreint d’histoire, d’un riche patrimoine et d’un caractère touristique indéniable, le Vieux-Montréal est un visage aux mille facettes qui sera au cœur des célébrations.
Par Magalie Hurtubise
Classé «arrondissement historique» le 8 janvier 1964, le Vieux-Montréal représente un défi d’urbanisme. En effet, une réglementation, des obstacles et des particularités se dressent devant chaque projet. Dans l’optique d’assurer l’intégrité du Vieux-Montréal, toute personne souhaitant par exemple restaurer, modifier ou démolir un bien culturel classé doit préalablement obtenir l’autorisation du ministère de la Culture et des Communications du Québec ainsi que les permis nécessaires auprès de la Ville de Montréal.
Emblèmes patrimoniaux
Officiellement reconnu comme lieu historique national canadien depuis la fin des années vingt, le canal de Lachine est un emblème montréalais qui traverse le sud-ouest de l’île sur une distance de quatorze kilomètres. Traversant quatre arrondissements de la Ville de Montréal, il accueille plus d’un million de visiteurs par année.
L’agente de communications et de relations publiques de l’Agence Parcs Canada Audrey Godin-Champagne explique que cette reconnaissance commémore le rôle joué par le canal aux 19e et 20e siècles, à la tête d’un réseau de canaux reliant le cœur du continent à l’océan Atlantique par la voie des Grands Lacs et du Saint-Laurent.
Étant à l’origine une voie navigable destinée au passage de marchandises, le canal s’est peu à peu transformé pour devenir aujourd’hui le lieu historique et touristique que l’on connaît. Parcs Canada l’a restauré au début des années 2000 en aménageant une piste cyclable et en permettant la navigation de plaisance. Les bâtiments industriels et commerciaux qui bordaient autrefois le canal ont été essentiellement démolis et remplacés par des immeubles à logements.
L’urbanisation autour du canal se fait, selon Parcs Canada, de manière à ne pas nuire à la conservation du patrimoine culturel du site. «Nous planifions rigoureusement les différentes interventions et prenons toutes les mesures nécessaires pour assurer une expérience de qualité et sécuritaire aux utilisateurs et pour protéger les ressources culturelles et naturelles qui façonnent le paysage de ce lieu patrimonial», ajoute Mme Godin-Champagne.
L’Agence doit également gérer une cinquantaine de requêtes annuellement sur ses terrains provenant d’une multitude d’intervenants. «Vu l’intérêt grandissant pour les projets de développements résidentiels et commerciaux situés aux abords du canal, Parcs Canada travaille de concert avec ses partenaires et les arrondissements afin de mettre en place différentes mesures pour valoriser le paysage culturel et assurer la fluidité de la circulation», affirme l’agente.
Parcs Canada travaille en collaboration avec ses partenaires et les intervenants locaux afin de réduire au minimum les impacts de ces différentes interventions sur les services aux visiteurs, sur l’environnement, sur l’intégrité historique du canal, ainsi que sur les activités économiques et touristiques.
Le Vieux-Port de Montréal, tout comme le canal de Lachine, fait également partie du site patrimonial de l’île. Plaque tournante commerciale vers la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle, le Vieux-Port possède aujourd’hui une vocation orientée davantage vers le tourisme et attire annuellement plus de six millions de visiteurs.
Le Vieux-Port possède aujourd’hui une vocation orientée davantage vers le tourisme et attire annuellement plus de six millions de visiteurs. Le canal de Lachine et ses écluses, plus d’un million.
Un premier plan directeur a permis de réaménager le Vieux-Port il y a 25 ans, mais depuis quelques années, la revitalisation de cet emblème est revenu à l’ordre du jour. Le projet vise plus particulièrement le silo 5 et la Pointe-du-Moulin pour créer un ensemble urbain composé d’espaces verts et permettant un meilleur accès au fleuve tout en conservant le caractère historique du site.
Dans la foulée des célébrations du 375e, la Ville de Montréal et le Ministère ont investi dans toutes sortes d’autres projets parmi lesquels figurent le Champ-de-Mars, la place Vauquelin, la place d’Armes, la place Jacques-Cartier, la rue Saint-Paul, les squares Cabot, Dorchester et Viger ainsi que le secteur de Pointe-à-Callière, pour ne nommer qu’eux.
L’archéologie au cœur des festivités
L’intérêt pour l’archéologie dans le Vieux-Montréal a pris de l’ampleur dans la deuxième moitié du 20e siècle. Les travaux archéologiques des dernières décennies, mais en particulier dans les années 1980, ont permis de mettre en valeur plusieurs sites au cœur du Vieux-Montréal. La Loi sur le patrimoine culturel a d’ailleurs renforcé la reconnaissance du travail des archéologues en facilitant leurs interventions dans le cadre de divers projets d’envergure.
Il y a deux ans, un féru d’archéologie a obtenu la suspension des travaux pour la construction d’un gratte-ciel sur le boulevard de Maisonneuve Ouest, qui ne se trouve pourtant pas dans les arrondissements historiques. Il avait des raisons de croire qu’il existait des vestiges d’un village iroquoien dans le sous-sol du futur édifice, le tout à proximité du site Dawson. Les travaux d’excavation ont été interrompus le temps d’évaluer le potentiel archéologique du site.
Également, lorsqu’il est question d’archéologie dans le Vieux-Montréal, le site historique national de Pointe-à-Callière retient l’attention. Un legs important en lien avec les festivités du 375e réside dans l’agrandissement du Musée de la Pointe-à-Callière avec l’ouverture en mai dernier du Fort Ville-Marie, lieu de fondation de Ville-Marie. Les vestiges du fort ont été retrouvés par l’École de fouilles archéologiques de Pointe-à-Callière en collaboration avec l’Université de Montréal lors de fouilles entre 2002 et 2014. Le nouveau pavillon désormais accessible au grand public met en lumière ce chef-d’œuvre d’ingénierie civile ainsi que l’égout collecteur, qui relie le fort au bâtiment principal.
Les travaux d’aménagement et les fouilles archéologiques ayant eu lieu, ces dernières années, dans le Vieux-Montréal, illustrent de la part de la Ville et du Ministère un désir d’équilibre entre la conservation du patrimoine et l’appel de la modernité. Cet ensemble de particularités définit d’une part la complexité du Vieux-Montréal et d’autre part met en lumière ses plus beaux attraits.