L’ASP Construction : 40 ans d’évolution en santé et sécurité du travail
Les réalisations de l’Association sectorielle paritaire en construction
En matière de santé et sécurité du travail, on partait de loin au Québec. Les 40 ans de l’ASP Construction en témoignent.
par Stéphane Desjardins

En 1979, Québec adopte la Loi sur la santé et la sécurité du travail. En conséquence, le milieu avait dès lors la possibilité de se regrouper pour former des associations sectorielles paritaires (ASP) afin d’aider leur secteur d’activité, par exemple celui de la construction. L’ASP Construction s’est ainsi rapidement imposée comme une partenaire privilégiée des organisations où la santé, la sécurité et l’intégrité physique des travailleurs sont une priorité.
Rappelons que les associations sectorielles sont paritaires, car elles regroupent employeurs et syndicats. Aujourd’hui, l’ASP Construction compte plus de 44 employés. Mais au départ, elle n’en avait que 3 ! L’OBNL a fait beaucoup de chemin en quatre décennies.

Conscientiser
« Depuis le début, il y avait un besoin, dans l’industrie, d’accompagner et de former les travailleurs et employeurs à la prévention en santé et sécurité. L’objectif était, et est encore, de diminuer les accidents de travail et les maladies professionnelles », révèle Kathy Otis, directrice générale de l’ASP Construction.
Le caractère paritaire de l’organisation fait partie de son identité et de son approche. « On soutient autant les entrepreneurs que les travailleurs, reprend-elle. Un siège au CA est notamment détenu par l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) ; c’est important de le souligner. »
L’approche paritaire a créé une légitimité autour des questions de santé et sécurité : « C’est un but commun pour employeurs et syndicats de prendre soin des travailleurs, poursuit-elle. Un milieu plus sain force une meilleure organisation du travail. Bonifier les méthodes de travail se traduit par davantage d’efficacité et de sécurité sur les chantiers. »
Au fil des ans, les méthodes de travail sur les chantiers ont changé, car les lois et la réglementation de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) ont aussi évolué. « C’est important de mobiliser tout le monde pour prendre en charge ces questions, car on joue avec la vie des travailleurs », ajoute-t-elle.
Ce fut entre autres le cas il y a 10 ans, avec le SIMDUT 2015, soit le Système d’information sur les matières dangereuses utilisées au travail, des changements réglementaires majeurs pour lesquels l’ASP Construction a participé à former l’industrie au grand complet.
Les membres de l’ASP Construction
— Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ)
— Association de la construction du Québec (ACQ)
— Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ)
— Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ-Construction)
— Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (l’Inter) (CPQMCI)
— Syndicat québécois de la construction (SQC)
— Centrale des syndicats démocratiques (CSD Construction)
— Confédération des syndicats nationaux (CSN-Construction)
L’humain
L’importance de l’humain est l’autre grand cheval de bataille de l’ASP Construction, car la main-d’œuvre se raréfie en raison des départs à la retraite et de contraintes démographiques. Pourtant, les grands chantiers publics et privés se multiplient dans un contexte de guerre commerciale américaine, de crise du logement et de vieillissement des infrastructures.
« Les besoins sont immenses, et l’industrie se doit d’offrir de bonnes conditions de travail pour maintenir son attractivité », analyse Mme Otis.
L’ASP Construction est aussi à l’origine d’une plus grande harmonie industrielle. Du fait de sa mission, l’ASP a réussi à amener employeurs et syndicats à œuvrer autour d’objectifs communs de prévention. « Avec le temps, on a fait évoluer nos formations et nos exercices pratiques, signale-t-elle. On a acquis une grande capacité d’adaptation. »
Des formateurs plus agiles
L’organisation compte plus de 17 conseillers en prévention. Au départ, ils étaient tous installés à Montréal. Aujourd’hui, ils habitent dans toutes les régions du Québec. « Nous sommes allés sur le terrain pour mieux couvrir les besoins de la clientèle », révèle la directrice générale.
Les formations de groupes se donnent dans des salles, chez les employeurs ou directement sur les chantiers. Elles portent sur la réglementation, les risques, les meilleures pratiques en ce qui a trait à la façon d’exécuter le travail en toute sécurité.
Il y a eu beaucoup de chemin parcouru dans les dernières années, mais il y a encore trop d’accidents du travail. On va dans la bonne direction, mais c’est un travail de longue haleine.
— Kathy Otis
Au début, les formateurs travaillaient avec des acétates sur des rétroprojecteurs. Aujourd’hui, ils utilisent des présentations numériques de type PowerPoint. « Ils doivent tout de même composer avec l’aspect humain, insiste-t-elle. C’est beau la technologie, mais, par exemple, les exercices pratiques pour bien positionner un harnais sont bien plus efficaces que toutes les méthodes technologiques. »
Les formateurs ont une grande expérience sur le terrain. Les formations sont constamment mises à jour en fonction des
dernières modifications réglementaires ou technologiques. « Notre avantage, c’est que l’on connaît le milieu, l’industrie, les pratiques », mentionne-t-elle.
L’ASP Construction est reconnue pour l’étendue de son offre de formations (une trentaine), dont celles destinées aux signaleurs de chantiers et aux signaleurs routiers, qui sont au cœur d’un énorme débat sur les dangers de travailler dans une circulation de plus en plus lourde.
Joindre tous les entrepreneurs et travailleurs demeure un défi, car une grande majorité des entrepreneurs sont de très petites PME.
— Kathy Otis
« Il y a eu beaucoup de chemin parcouru dans les dernières années, mais il y a encore trop d’accidents du travail, constate Mme Otis. On va dans la bonne direction, mais c’est un travail de longue haleine. »

L’avenir
Le principal défi des prochaines années pour l’ASP Construction, c’est de continuer à joindre davantage sa clientèle. « L’industrie compte près de 30 000 entrepreneurs et plus de 200 000 travailleurs. Ça demeure un défi, car la grande majorité des entrepreneurs ont de très petites PME. » En fait, 80% de celles-ci comptent cinq salariés ou moins.
L’industrie va devoir davantage innover en matière de technologies et de méthodes de travail. « Mais la construction demeure un domaine où les gens travaillent avec leurs mains, rappelle Mme Otis. Nous devrons continuer à aller sur les chantiers pour enseigner la prévention et demeurer à l’avant-garde pour offrir les meilleurs conseils, nous maintenir à l’affût des normes et des pratiques les plus récentes. » ■