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Héritage et innovation: les villes du patrimoine mondial en action

L’OVPM, un réseau mondial collaboratif

Fondée en 1993, l’Organisation des villes du patrimoine mondial (OVPM) regroupe aujourd’hui près de 300 villes comptant des sites inscrits au patrimoine mondial de l’UNESCO. Actuellement sous la présidence de Bruno Marchand, maire de Québec, l’organisation s’impose comme un acteur majeur de la coopération internationale en matière de conservation et de développement durable. Bruno Marchand était également présent au congrès annuel de l’ACRGTQ, soulignant l’importance du dialogue entre le génie civil et la préservation du patrimoine.

par Elsa Bourdot

 

 

L’amélioration de l’accessibilité au Vieux-Québec constitue un enjeu central

L’OVPM: un réseau collaboratif pour le patrimoine

L’OVPM consiste en un réseau mondial de villes membres partageant des défis communs liés à la préservation du patrimoine et au développement urbain. Ce réseau collaboratif favorise le partage des bonnes pratiques, notamment dans la gestion des centres historiques et l’intégration d’infrastructures modernes. Ses formations ciblées accompagnent les élus et les professionnels dans l’adoption de solutions durables et innovantes. Certaines villes, participant également à des projets pilotes soutenus par l’OVPM, testent des innovations technologiques ou des approches novatrices en matière d’urbanisme et de génie civil.

Cette coopération internationale permet aux villes de bénéficier d’un savoir-faire diversifié et d’adopter des solutions adaptées à leurs contextes locaux. Elle favorise une vision à long terme, essentielle pour conjuguer préservation du patrimoine et modernisation des infrastructures. Grâce à des échanges cons­tants, les villes membres développent une capacité accrue à anticiper les changements et à répondre aux besoins de leurs communautés sans compromettre leur héritage culturel. La présence de l’OVPM dans ces échanges souligne l’importance d’unir expertise technique et sensibilisation au patrimoine.

L’Organisation des villes du patrimoine mondial: un réseau unique au service de la préservation et de la modernisation

À Puebla, ville touristique importante, on envisage un tramway pour minimiser la circulation automobile dense

Mobilité et patrimoine: un enjeu clé pour les villes du patrimoine mondial

Pour les villes du patrimoine mondial, la question de la mobilité urbaine est cruciale et repose sur deux objectifs principaux. Il s’agit tout d’abord de préserver la qualité de vie des résidents en réduisant les nuisances liées à la circulation, en améliorant l’accès aux transports en commun et en favorisant les modes de déplacement doux comme la marche et le vélo. Ensuite, il est indispensable de protéger le patrimoine bâti contre les menaces liées à la surfréquentation, aux vibrations causées par les véhicules et à la pollution atmosphérique.

Le génie civil joue un rôle central dans cet équilibre. Les stationnements souterrains, intégrés de manière discrète dans l’environnement urbain, libèrent les espaces de surface des véhicules motorisés. Les tramways électriques et les navettes écologiques réduisent les émissions de gaz à effet de serre tout en desservant efficacement les centres-villes. La mise en œuvre de ces solutions nécessite des études techniques approfondies pour garantir leur compatibilité avec le tissu urbain et le patrimoine architectural. Ces approches témoignent de la capacité des ingénieurs à concevoir des infrastructures qui préservent autant qu’elles modernisent.

Foule dans les rues de Dubrovnik

Dubrovnik: gérer la pression touristique

Dubrovnik, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO, fait face à un afflux touristique important, notamment pendant la haute saison. Ce phénomène exerce une pression considérable sur les infrastructures urbaines, en particulier les rues pavées et les remparts historiques. Les autorités locales explorent l’instauration de quotas pour réguler l’accès au centre historique. Elles ont également identifié un besoin crucial d’améliorer la gestion des flux touristiques afin de protéger les structures anciennes tout en répondant aux attentes des visiteurs.

En matière de génie civil, renforcer les pavés les plus sollicités et étudier des itinéraires de rechange pour disperser les flux de visiteurs pourrait constituer des pistes pertinentes. La mise en place de capteurs de fréquentation et l’utilisation de données en temps réel permettraient de mieux anticiper les pics de fréquentation.

Quand innovation et conservation se rencontrent, les villes du patrimoine mondial redéfinissent la résilience urbaine.

 


 

 


 

Puebla: moderniser les transports dans un cadre historique

À Puebla, ville mexicaine au patrimoine colonial exceptionnel, la mobilité représente un défi majeur. Le centre historique, caractérisé par ses rues étroites et ses bâtiments colorés, subit les contrecoups de la circulation automobile dense, aggravant la dégradation des infrastructures. La ville explore des solutions pour réduire cette pression tout en améliorant l’accès aux zones centrales.

La réhabilitation des voies pavées pour ac­cueillir des tramways électriques constitue une option envisageable, combinant modernité et respect du patrimoine. En parallèle, l’utilisation de matériaux absorbant les vibrations pourrait minimiser les effets sur les fondations des bâtiments historiques. Ces mesures, bien qu’à l’état de réflexion, illustrent l’importance d’un génie civil adapté aux spécificités locales.

Québec: relier le passé et l’avenir

À Québec, l’amélioration de l’accessibilité au Vieux-Québec constitue un enjeu central. Le centre historique, perché sur un promontoire, est partiellement isolé des abords du fleuve Saint-Laurent. Les discussions autour d’une passerelle piétonne reflètent une volonté de rapprocher ces deux espaces tout en respectant l’environnement patrimonial.

Si ce projet se concrétise, il pourrait intégrer des matériaux légers pour limiter les effets structurels et des systèmes de drainage pour protéger les fondations des bâtiments voisins. La conception d’un éclairage discret et adapté serait également essentielle pour préserver l’esthétique nocturne du site. Ce projet illustre l’ambition de Québec de concilier innovation et préservation dans ses réalisations urbaines.

L’OVPM incarne un modèle où coopération et innovation servent un objectif commun: réconcilier l’héritage historique et les besoins contemporains. En s’appuyant sur un réseau collaboratif et en mettant en lumière des solutions de génie civil adaptées, l’Organisation démontre qu’il est possible d’allier qualité de vie des résidents et protection du patrimoine bâti. Par des exemples comme Dubrovnik, Puebla et Québec, l’OVPM montre la voie pour rendre les villes du patrimoine mondial résilientes et durables, prêtes à relever les défis du XXIe siècle.