MAGAZINE CONSTAS

De grands travaux à venir

Le programme de réhabilitation prévoit un investissement de 1,5 G$ sur 25 ans

En mai dernier, le gouvernement du Canada a officiellement pris possession du pont de Québec. Une fois l’acte de cession signé entre le CN et le gouvernement du Canada, le programme de réhabilitation fédéral prévoit un investissement de 1,5 G$ sur 25 ans. À cela s’ajouteront des centaines de millions de dollars qui seront investis par le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) du Québec pour le remplacement de son tablier. Voici quelques détails sur ces travaux à venir.

par Stéphane Gagné

 

 

Photo: M. Fafard

Avant toute chose, il est important de savoir que malgré l’aspect très rouillé du pont et son apparent manque d’entretien, «Il y a toujours eu des travaux sur les parties sensibles de la structure lorsque le CN en était le propriétaire», affirme Mario Fafard, professeur à la retraite en génie civil à l’Université Laval et ayant un grand intérêt pour le pont.

M. Fafard ajoute qu’il y a énormément de surfaces à peindre sur le pont, et certaines à des endroits très difficiles à atteindre. «Cette opération se fera sur plusieurs années», dit-il. Cependant, les travaux prévus par le gouvernement fédéral seront beaucoup plus importants et ne se limiteront pas à de la peinture. Voici ce que nous avons appris de la part du ministère fédéral Logement, Infrastructures et Collectivités Canada, responsable du dossier.

 

Mario Fafard, professeur à la retraite en génie civil à l’Université Laval. Photo: AluQuébec

Selon ce ministère, «le programme de réhabilitation inclut des travaux de réparation et de remplacement d’acier, et un programme de peinture pour protéger les éléments du pont plus sujets à une corrosion active ou qui sont difficilement remplaçables. En fait, 80 % de la superficie totale du pont de Québec sera repeinte, en incluant la peinture effectuée depuis le début des années 2000.»

Le ministère prévoit aussi améliorer l’aspect visuel du pont. À ce sujet, M. Fafard mentionne qu’éventuellement, on cherchera à mettre en valeur le pont par un éclairage qui pourrait être du type de ce qui a été fait sur le pont Jacques-Cartier, à Montréal. Cela serait un juste retour des choses, car «il s’agit du seul pont au Canada à avoir remporté autant d’honneurs, fait savoir M. Fafard. Il a été désigné, par Parcs Canada, Lieu historique national en 1995, inscrit au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux en 2009, et désigné Monument historique international du génie civil par la Société canadienne de génie civil (SCGC) et l’American Society of Civil Engineers (ASCE) en 1987.»

Le pont de Québec est le seul pont au Canada à avoir remporté autant d’honneurs. Il a été désigné Lieu historique national en 1995 et il est inscrit au Répertoire canadien des lieux patrimoniaux depuis 2009.

— Mario Fafard

L’approche du Canada vise aussi à réparer ou à remplacer plus de 2,7 millions de livres d’acier sur 25 ans. Le ministère ajoute que « les travaux devront être effectués en séquences en raison de la capacité limitée de la structure du pont à résister au poids additionnel des échafaudages pouvant être suspendus simultanément. De plus, le progrès des travaux de peinture et des travaux sera influencé par la courte saison d’été. Une coordination sera aussi nécessaire avec le CN et le gouvernement du Québec pour la réalisation de leurs travaux sur leur tablier respectif (le tablier ferroviaire est sous la responsabilité du CN et le tablier routier, sous la responsabilité du MTMD). »

Les ouvriers appliqueront des mesures d’atténuation pour s’assurer que ce polluant ne contaminera pas l’eau ou les sols environnants.

 


 

 


 

De la peinture au plomb à retirer

M. Fafard mentionne la présence de peinture au plomb sur la structure et la nécessité de la retirer sans contaminer l’environnement. Questionné sur le sujet, le ministère confirme la présence de cette peinture et affirme que les ouvriers «appliqueront des mesures d’atténuation pour s’assurer que ce polluant ne contaminera pas l’eau ou les sols environnants. Une technique généralement utilisée consiste en l’installation d’échafaudages hermétiques à pression négative qui empêchent les poussières de plomb contaminées de s’échapper dans l’environnement.»

Un tablier à reconstruire

En plus des réparations et de la peinture à faire sur la structure, il y a le tablier à changer. Il date de 1952. «Sa reconstruction est inscrite en planification dans le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2024-2034. Cela consistera à remplacer la voie routière du pont (dalle et poutres) ainsi que le trottoir, et ce, sur toute la longueur de la structure», déclare Émilie Lord, porte-parole du MTMD.

L’appel d’offres du contrat pour la réalisation des travaux de reconstruction du tablier n’a pas encore été publié. «Le dépôt du dossier d’affaires est prévu en 2025, et le coût des travaux sera mentionné dans le document», dit Mme Lord.

Cependant, plusieurs contrats ont déjà été attribués à ce jour, précise la porte-parole. Cela concerne des études et des travaux divers. Les voici:
– Mise à jour de l’avant-projet définitif et préparation des plans et devis;
– Étude géotechnique et de caractérisation des sols à l’approche sud du pont;
– Étude de climat sonore pour l’approche sud du pont;
– Études de capacité portante de la structure pour le compte du CN;
Préparation des plans et devis pour les travaux de renforcement de la structure pour le compte du CN;
– Déplacement temporaire des équipements de services publics de Bell et du CN;
Mise en place de 13 raidisseurs pour renforcer la superstructure. Ces travaux seront exécutés par le CN.

Lors de l’entente survenue en mai dernier, le négociateur mandaté par le gouvernement fédéral, Yvon Charest, avait mentionné que le pont de Québec était en très bonne santé et qu’il serait bon au moins jusqu’en 2099.

Une chose est certaine, les travaux du gouvernement fédéral et ceux du MTMD changeront durablement l’aspect du pont. D’ailleurs, l’un des objectifs du MTMD dans le projet de remplacement du tablier est de «mettre en valeur le caractère patrimonial du pont et ses points de vue sur la vallée du Saint-Laurent», peut-on lire sur son site Web. ■