« Pour transporter des composantes hors normes, ça prend une route hors normes, précise Daniel Côté, maire de Gaspé. Tout a été pensé et conçu en fonction de pouvoir transporter des pales de cette taille. »
Procéder à l’aménagement d’une route sur mesure pour transporter les plus grosses pales d’éoliennes homologuées du monde, longues de plus d’une centaine de mètres et pesant plusieurs tonnes, le tout à une vitesse moyenne de 5 km/h : pas une mince affaire ! Voilà déjà quelques mois que cette mission, la « route des pales », a été accomplie à Gaspé. Retour sur le plus grand et le plus important chantier qu’ait connu la ville.
Par Marie-Ève Martel
Il y avait déjà quelques années que la Ville de Gaspé et l’entreprise LM Wind Power, fabricant de pièces d’éoliennes, envisageaient de construire « la route des pales » pour faciliter le transport de ces hélices géantes de l’usine jusqu’au port de mer, où elles pourraient ensuite voguer vers leur destination.
Le tout s’est concrétisé au cours des deux dernières années, et les premières pales ont commencé à être transportées au début de l’été.
« Le chantier s’est fait en accéléré, mais on n’a pas tourné les coins ronds ! » lance le maire de Gaspé, Daniel Côté.
L’évolution de la technologie éolienne a fait en sorte que les pales sont plus grosses. De 37 m de longueur pour les premières générations, elles sont passées à 107 m – la mesure atteinte par le nouveau modèle fabriqué par la LM Wind Power –, ce qui rend leur transport routier impossible sur de longues distances. Le transport maritime est donc incontournable.
En outre, ces pales devraient atteindre 123 m de longueur d’ici quelques années. Ce faisant, leur transport nécessite une route beaucoup plus large que les voies standard. « Pour transporter des composantes hors normes, ça prend une route hors normes, précise Daniel Côté. Tout a été pensé et conçu en fonction de pouvoir transporter des pales de cette taille. »
Défi colossal
Le défi était colossal, concède-t-il. Si la distance à vol d’oiseau entre le parc industriel Les Augustines et le port de Sandy-Beach est d’un peu moins de 4 km, il était impossible d’obtenir un tracé en ligne droite en raison de la topographie accidentée des lieux et des structures existantes.
« On a traversé une montagne pratiquement inoccupée pour faire passer la route, indique Daniel Côté. Ça nous prenait un tracé plus large, avec des pentes pas trop abruptes ni des courbes trop prononcées. En plus, il a fallu qu’on contourne des milieux humides, des cours d’eau… Dans un monde idéal, ça nous aurait pris un tunnel, mais ça aurait été beaucoup plus dispendieux que le projet actuel, et on n’aurait pas pu désenclaver ce territoire. »
La facture totale de la route, qui s’étale en fin de compte sur un peu moins de 7 km, avoisinera les 23 M$; de cette somme, le gouvernement du Québec en aura payé environ 19 M$, par décret, puisque aucun programme d’aide financière actuel n’était applicable au chantier.
Compte tenu du poids important de la marchandise qui y transite, la route a aussi fait l’objet d’un compactage particulier. L’asphaltage a aussi été fait en une seule et immense section pour éviter qu’il y ait des joints sur la chaussée, ce qui renforce la route et diminue les besoins en entretien. « Les surfaceuses étaient côte à côte et elles ont déroulé l’asphalte d’un trait », se souvient le maire.
L’évolution de la technologie éolienne a fait en sorte que les pales sont plus grosses. De 37 m de longueur pour les premières générations, elles sont passées à 107 m – la mesure atteinte par le nouveau modèle fabriqué par la LM Wind Power –, ce qui rend leur transport routier impossible sur de longues distances. Le transport maritime est donc incontournable. En outre, ces pales devraient atteindre 123 m de longueur d’ici quelques années. Ce faisant, leur transport nécessite une route beaucoup plus large que les voies standard.
L’aménagement de la route a nécessité deux expropriations et plus d’une quarantaine d’acquisitions de terrains vacants de gré à gré.
Il fallait également éviter coûte que coûte que le transport des pales, qui s’effectue à basse vitesse, n’entrave la circulation sur les voies publiques, dont la principale mène à l’hôpital régional. « On ne pouvait pas se permettre d’utiliser le même axe routier; c’était impensable de bloquer le chemin pendant une heure, une heure et demie », relève Daniel Côté.
Dynamiser la région
Si la route a été pensée, construite et aménagée pour le transport des pales d’éoliennes, elle pourra un jour aussi être ouverte à la circulation automobile.
De part et d’autre, elle a engendré un potentiel de construction de quelque 80 propriétés, ce qui pourrait soulager Gaspé, qui, à l’instar de nombreuses autres communautés québécoises, est aux prises avec un manque de logements pour accueillir des travailleurs.
Cela mènera à moyen terme à l’arrivée de nouvelles entreprises et à la création de nouveaux emplois, ce qui aura pour effet de dynamiser encore davantage la région, souligne Daniel Côté.
La route relie aussi le parc industriel au chemin de fer de Gaspé, qui pourrait bien sortir de sa dormance d’ici quelques années en raison d’un projet de relance du transport ferroviaire.
LM Wind Power, quant à elle, pourra poursuivre sa croissance et embaucher quelques centaines d’employés supplémentaires.
De nouvelles entreprises et industries pourraient donc venir s’établir au parc industriel Les Augustines, dont la capacité d’accueil est loin d’être atteinte. Elles pourront, elles aussi, profiter du chemin d’accès vers le port pour y exporter leurs produits. ■