Les travaux de construction du nouveau pont devraient débuter en 2023 pour une mise en service, si tout va comme prévu, à la fin de 2027. D’ici là, des travaux seront nécessaires pour que l’ancienne infrastructure (ci-dessous) demeure sécuritaire.
Personne ne saurait mettre en doute la nécessité, voire l’urgence d’un nouveau pont pour l’île d’Orléans. Le pont actuel, construit de 1932 et 1935, est en fin de vie. Fissures, rouille, morceaux qui se sont détachés, avouons que cette vénérable infrastructure n’a guère bonne mine. Un nouveau pont sera aussi l’occasion d’une mise aux normes, sans oublier les bénéfices que retirera la région d’une structure rajeunie et d’aménagements mieux conçus aux alentours. Pour en savoir plus, nous avons rencontré la gérante du projet de reconstruction du pont de l’île d’Orléans au ministère des Transports du Québec (MTQ), l’ingénieure Jessica Potvin.
Par Jean Brindamour
Le projet de remplacement du pont de l’île d’Orléans a été lancé en 2010 par l’ancien ministre des Transports, Sam Hamad. « Le Ministère a d’abord procédé, raconte Jessica Potvin, à la préparation de l’étude d’opportunité. En bref, il s’agit d’étudier le besoin d’une intervention, par exemple en réalisant des études de circulation et en étudiant le contexte socio-économique, environnemental et technique où s’implantera le projet, puis en regardant toutes les options d’intervention pour répondre aux besoins. »
Le Groupement Origine Orléans, un consortium composé des firmes Stantec et EXP, a été sélectionné pour effectuer la conception préliminaire du projet.
C’est le 10 décembre 2015 que Robert Poëti, alors ministre des Transports, a annoncé le choix d’un pont à haubans. « La construction d’un nouveau pont à haubans, explique la gérante de projet, est la solution qui permet de mieux répondre aux différents besoins. La faisabilité technique dans un contexte sismique particulier, des impacts limités sur le milieu naturel et le maintien de la voie navigable sous le pont sont des critères qui militaient en faveur du pont à haubans. Les autres solutions étudiées répondaient beaucoup moins bien à ces critères. Avant de prendre cette décision, pas moins de treize solutions ont été examinées par le Ministère parmi lesquelles la construction d’une jetée-pont et la réhabilitation du pont existant. »
Conception et travaux préparatoires
Le 17 octobre 2019, le MTQ a publié son appel d’offres public visant à réaliser les études d’avant-projet du nouveau pont. Les enjeux de ce projet ne se limitent pas à des questions techniques. Des aspects qualitatifs sont en cause : il faut en effet préserver les points de vue uniques du fleuve Saint-Laurent, de l’île d’Orléans et de la chute Montmorency, et l’infrastructure doit pouvoir s’intégrer au paysage environnant et à un lieu mythique qui témoigne de la présence française en Amérique. C’est le 23 octobre 2020, environ un an plus tard, que le Groupement Origine Orléans, un consortium composé des firmes Stantec et EXP, a été sélectionné pour effectuer la conception préliminaire du projet. « Le projet de construction d’un nouveau pont de l’île d’Orléans, précise Jessica Potvin, est soumis à la Directive sur la gestion des projets majeurs d’infrastructures, qui s’applique aux projets de plus de 100 M$. »
L’appel d’offres pour la réalisation des travaux de requalification de la côte menant au pont du bord de l’île d’Orléans, a été mis en branle le 15 février dernier. Les travaux préparatoires devraient débuter au printemps 2022 et se poursuivre jusqu’en 2024. « Globalement, indique l’ingénieure, il s’agit de reconstruire l’ensemble de la structure de la chaussée jusqu’à l’intersection avec le chemin Royal en continuité avec la route qui sera éventuellement construite pour le nouveau pont. Cette reconstruction offrira à ses utilisateurs (autos, vélos, piétons) une route plus large répondant aux normes actuelles. Elle sera donc beaucoup plus confortable pour les usagers et surtout permettra d’y améliorer la sécurité et la fluidité. Le Ministère profitera de la réalisation des travaux pour refaire les systèmes de drainage, enfouir les services publics dans la Côte du pont et installer de nouveaux équipements d’éclairage pour assurer une continuité avec le nouveau pont. Des travaux d’aménagement paysager seront aussi réalisés pour améliorer l’aspect visuel du secteur, encore une fois, en lien avec ceux faits pour le nouveau pont. Des travaux similaires sont également prévus à l’intersection. »
Le nouveau et l’ancien
Les travaux de construction du nouveau pont devraient débuter en 2023 pour une mise en service, si tout va comme prévu, à la fin de 2027. De 2022 à 2027, il passera de l’eau sous les ponts, comme on dit. D’ici là, des travaux seront nécessaires pour que l’ancienne infrastructure demeure sécuritaire. « Des mesures, souligne Mme Potvin, tel le transport des matériaux par barge, sont prévues pour éviter d’accélérer sa détérioration durant les travaux de construction avec du transport lourd. Un programme de travaux plus intense est aussi en cours pour améliorer son état avant le début de la réalisation du nouveau pont afin de réduire les activités de réparations majeures durant le chantier. »
Il a été décidé, en novembre 2019, que le vieux pont serait démantelé dès que le nouveau serait construit. Mais l’ancien ne sera pas oublié. « Le Ministère est en train d’établir un plan d’action pour sa valorisation après son démantèlement. Il sera basé entre autres sur des consultations publiques menées au printemps 2021 et sur l’expertise d’un comité-conseil mis en place à l’automne 2021, animé par l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et qui regroupait des experts dans des domaines aussi divers que l’histoire et le patrimoine, la muséologie, la diffusion d’information et l’art public. » ■