L’innovation en matière d’exploitation minérale
Centre de technologie minérale et de plasturgie (CTMP). Vers la valorisation des résidus.
Tout en poursuivant sa mission, qui est de contribuer au développement de produits novateurs, le Centre de technologie minérale et de plasturgie (CTMP) souhaite aujourd’hui accompagner les PME dans leur démarche d’innovation. Et les amener à faire d’une pierre deux coups en valorisant les résidus de l’exploitation minérale.
Par Marie Gagnon
Affilié au Cégep de Thetford, le CTMP est l’un des quarante-neuf centres collégiaux de transfert technologique du Québec. Il offre à ce titre des services de recherche appliquée et de soutien technique en lien avec le développement de procédés et de produits novateurs. Là s’arrête la comparaison. Car le CTMP, à l’instar des autres centres de transfert de la province, possède une vocation qui lui est propre. Celle de desservir les entreprises du secteur des technologies minérales et des matières plastiques.
« On veut sortir un peu de nos laboratoires et aller plus loin dans la commercialisation de produits à valeur ajoutée, en démontrant l’intérêt et le potentiel de certains minéraux autrement destinés aux rebuts » — Annie Rochette
L’aventure débute en 1984, avec la création du Centre spécialisé en technologie minérale afin de favoriser la synergie entre le Cégep de Thetford, qui offre le DEC en technologie minérale, et les industries minérales de la région, où se concentrent des carrières, des sablières et des mines d’amiante. Quatre ans plus tard, le Centre ajoute un volet plasturgie à ses activités. Il faut toutefois attendre 1996 pour que le Centre reflète cette nouvelle expertise, année où il devient une entité autonome et prend le nom qu’on lui connaît aujourd’hui.
Une expertise reconnue
L’année 1996 marque un autre tournant dans l’histoire du CTMP, qui devient le second laboratoire du Québec, avec le Laboratoire des chaussées du ministère des Transports (MTQ), à offrir l’essai de coefficient de polissage par projection (CPP). Ce test, désigné par la norme LC 21-102, mesure l’usure causée aux granulats par le frottement répété des pneus sur la chaussée.
« L’industrie anticipait l’arrivée de cette nouvelle norme et nous avait contactés dans les années précédentes pour voir de quelle manière elle pouvait s’y conformer, relate Annie Rochette, la directrice générale du CTMP. De 1994 à 1995, nous avons donc effectué des échantillonnages dans les carrières et soumis ces échantillons à des tests afin d’en évaluer le comportement.
« Le RPPG, le Regroupement professionnel des producteurs de granulats, qui œuvre sous l’égide de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ), nous a aidés à faire l’acquisition des équipements nécessaires, comme une polisseuse et un appareil de mesure, et à mettre au point une méthode d’essai, ajoute-t-elle. Dès lors, le CTMP offrait les mêmes conditions de test que le MTQ et c’est la raison pour laquelle le Centre a été mandaté pour faire cet essai. »
Une amélioration continue
L’essai de CPP n’est pas le seul test offert par le CTMP, loin s’en faut. L’offre de services en minéralurgie du Centre comprend aussi la caractérisation des granulats, notamment par les essais Los Angeles et Micro-Deval, et des analyses granulométriques. « On procède à l’analyse chimique des granulats pour en connaître la composition, souligne Annie Rochette. Ça permet de déceler entre autres la présence de pyrite ou de pyrrhotite dans un gisement. Mais ces analyses ne sont pas aussi en demande que le CPP. »
La gestionnaire précise que le ministère des Transports a récemment rehaussé ses exigences quant à la qualité des granulats utilisés sur les routes de la province, et resserré ses critères de contrôle de la qualité. « Pour satisfaire aux nouvelles exigences du MTQ, nous avons revu toutes nos méthodes de test, dit-elle. Pendant un an, nous avons procédé à des audits et évalué chacune des étapes afin d’arriver à des mesures impartiales et des contrôles hors de tout doute. »
Des services étendus
Ses services de soutien technique au secteur minéral étant aujourd’hui bien implantés, le CTMP souhaite désormais mettre l’accent sur le soutien à l’innovation. Entre autres, par la valorisation de sous-produits issus de l’exploitation de mines et de carrières. « On veut soutenir la transformation de sous-produits en produits à valeur ajoutée, indique Annie Rochette. Par exemple, les particules fines provenant de la découpe de granite sont aujourd’hui valorisées en composé de joints décoratifs pour les pavés.»
« On pense également à des résidus minéraux, comme le talc, le mica ou le carbonate de calcium, qui pourraient être incorporés dans les plastiques pour en augmenter la rigidité ou en diminuer le retrait lors du moulage, fait-elle valoir. Ça rejoint les objectifs de la Chaire de recherche industrielle sur les matériaux avancés, qui mise sur le potentiel des nanomatériaux et travaille sur l’ajout de substances minérales dans le plastique pour former des géopolymères extrêmement robustes. »
Et c’est là le principal défi que le CTMP, qui réalise des activités de recherche pour le compte de la Chaire, entend relever au cours des années à venir. « On veut sortir un peu de nos laboratoires et aller plus loin dans la commercialisation de produits à valeur ajoutée, en démontrant l’intérêt et le potentiel de certains minéraux autrement destinés aux rebuts », conclut Annie Rochette. •