Climat et infrastructures
le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines lance un pôle pour passer à l’action
Créé à l’été 2024, le pôle Action climatique du Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) vise à mieux outiller les municipalités face aux effets tangibles des changements climatiques. Sa directrice, Justine Baudart, nous explique la genèse du projet, ses objectifs et le mode de coconstruction qu’elle entend mettre en œuvre.
par Elsa Bourdot

Depuis plusieurs années, les différents domaines d’expertise du CERIU menaient déjà des projets se rattachant aux enjeux climatiques, mais isolément. En août 2024, l’organisation a franchi une nouvelle étape en créant une cellule qui s’y consacre: le pôle Action climatique. «Ce n’est pas un sujet nouveau pour le CERIU, souligne Justine Baudart, directrice de projets. Il existait déjà plusieurs initiatives liées à l’adaptation des infrastructures ou à l’atténuation des effets climatiques, mais elles étaient disséminées dans les domaines d’expertise existants. Le nouveau pôle permet de rassembler ces efforts et d’en faire un axe de travail transversal à part entière.»
Diplômée en géographie, en urbanisme et en gestion des infrastructures urbaines, Mme Baudart a travaillé pendant plusieurs années dans le secteur municipal, plus précisément en gestion des actifs. Cette expérience de terrain oriente aujourd’hui sa façon d’envisager la mission du pôle: utile, concrète et en lien direct avec les réalités vécues par les municipalités.
Structurer l’existant pour mieux outiller le milieu
Le mandat du nouveau pôle ne consiste pas à tout recommencer à zéro, mais plutôt à structurer ce qui existe déjà. «On veut élaborer des projets en lien avec l’action climatique, en collaboration avec les autres pôles et conseils permanents du CERIU, qui sont déjà bien implantés», explique la directrice. Le rôle du pôle est donc à la fois transversal et complémentaire: il soutient les expertises techniques existantes, tout en apportant une vision d’ensemble sur les enjeux climatiques.
Le cœur de sa mission? Accompagner les villes dans la prise en compte des changements climatiques dans la gestion de leurs infrastructures, notamment à l’aide d’outils concrets, de formation et de soutien aux bonnes pratiques.
Répondre aux besoins du terrain
Cette volonté d’ancrage dans les besoins réels se manifeste dans la démarche de Mme Baudart: «On veut être au service du milieu. On est très ouvert à ce que les gens nous contactent pour nous dire quels sont leurs besoins. Ce n’est pas qu’on pourra tout régler, mais ça nous permet de mieux comprendre les enjeux et d’orienter nos actions en conséquence.»
Un exemple? Après la diffusion du premier webinaire, de nombreuses questions sont revenues sur la manière de lier les changements climatiques à la gestion des actifs municipaux. «Ça nous a confortés dans l’idée que c’était un angle important à creuser. On travaille déjà là-dessus, mais savoir que c’est une question qui préoccupe le milieu nous pousse à aller plus loin.»
On veut élaborer des projets en lien avec l’action climatique, en collaboration avec les autres pôles et conseils permanents du CERIU, qui sont déjà bien implantés.
— Justine Baudart
Une boîte à outils évolutive
Fidèle à l’approche du CERIU, le pôle mise sur les outils pratiques et accessibles. Des fiches mémo ont déjà été publiées pour aider les utilisateurs à mieux naviguer dans les plateformes climatiques existantes. D’autres outils sont en cours d’élaboration. «On adore les outils au CERIU, plaisante la directrice de projets. C’est notre passion, parce que ça rend les choses concrètes et utilisables rapidement.»
Dans cinq ans, elle imagine que les villes auront peut-être terminé un deuxième cycle de planification dans leurs plans de gestion des actifs. «On aura une meilleure vision des actifs existants et de ce qu’il faut faire pour les maintenir et les adapter aux changements climatiques. Ça ne veut pas dire qu’on aura toutes les réponses, mais on saura mieux dans quelle direction aller.»
Un travail en réseau
Le pôle Action climatique ne travaille pas en vase clos. Il s’appuie sur l’ensemble de l’écosystème du CERIU: les conseils permanents, les autres pôles, l’Observatoire, qui conçoit lui aussi de nouveaux projets. «Quand c’est sur des actifs particuliers, on collabore avec les pôles, qui sont experts dans leur domaine. C’est vraiment un travail collectif, pour créer des outils utiles et cohérents.»
Cette logique de collaboration fait partie de l’ADN du nouveau pôle. Loin d’être une entité isolée, il agit comme un trait d’union entre les expertises internes du CERIU et les besoins exprimés par les acteurs du terrain.
Une invitation à la collaboration
En conclusion, Justine Baudart lance une invitation claire aux municipalités et aux partenaires du secteur: «Contactez-nous. Dites-nous ce qui vous préoccupe. Même si on ne peut pas répondre immédiatement à toutes les demandes, le simple fait de connaître vos enjeux nous aide à orienter notre travail.»
Le message est limpide: le pôle Action climatique veut être une courroie de transmission entre les défis du terrain et les réponses techniques et stratégiques à inventer collectivement. Car face aux changements climatiques, la planification, la gestion des actifs et l’innovation doivent désormais marcher main dans la main. ■