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Cegerco: un exemple de mixité

L’entreprise honorée pour la place qu’elle fait aux femmes

De la menuiserie à la haute direction, la main-d’œuvre de Cegerco compte de nombreuses femmes. L’entreprise en bâtiments et en travaux civils a d’ailleurs remporté le prix Reconnaissance-mixité 2025 lors du congrès annuel de l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) en janvier dernier.

par Leïla Jolin-Dahel

 

 

Photo: Macphotographie

Le PDG de Cegerco, Jean-François Coudé, ne cache pas sa fierté de voir ses effectifs récolter cet honneur. «On est très contents d’avoir cette reconnaissance. Honnêtement, on constate sur nos chantiers que la proportion de femmes est plus élevée que la moyenne de l’industrie.» Selon la Commission de la construction du Québec, les travailleuses représentent désormais 4% de la main-d’œuvre totale du secteur. Ce taux est de 4,25% chez Cegerco.

Il cite en exemple certains sites de Cegerco sur l’île de Montréal où l’équipe de gestion est entièrement féminine, avec des directrices de projet, des chargées de projet, des ingénieures de chantier, des responsables de la qualité. «J’ai rarement vu ça au cours de mes 25 ans de pratique dans le domaine.»

Du terrain à la haute direction

Sur les lieux de travail, Cegerco recense des employées dans des rôles variés, allant de la charpentière-menuisière à l’électricienne, en passant par l’arpenteuse et la manœuvre spécialisée. «On voit des visages féminins sur pratiquement tous nos sites. On se fait une fierté d’engager ces gens.» Cegerco a même atteint la parité au sein de son conseil d’administration. Le PDG évalue à 40% le pourcentage de femmes gestionnaires sur ses chantiers.

Des talents qui se hissent jusque dans les hautes sphères patronales. Ainsi, deux femmes occupent un poste de vice-présidente parmi les cinq membres de la direction de la firme de construction. «Elles ont été choisies pour leurs compétences et leurs qualités exceptionnelles. C’est une grande fierté pour moi d’avoir été en mesure de les attirer et de leur avoir vendu l’idée de faire partie de l’équipe, car elles étaient auparavant des piliers d’autres entreprises.»

On retrouve des femmes occupant des postes variés sur presque tous les chantiers de Cegerco. Photo: Éric Desbiens

Un environnement de travail inclusif

De l’aveu de Jean-François Coudé, Cegerco a été en mesure d’attirer de nombreuses femmes au sein de ses effectifs grâce à des valeurs porteuses. «On est flexibles sur le plan des horaires. S’il y a des compromis à faire, on peut s’arranger.»

La firme de construction a également ajouté des toilettes mixtes et adapté le soulèvement des charges en fonction des capacités individuelles de chacune et chacun afin d’assurer un environnement sécuritaire. Et ce, en plus d’avoir mis à jour ses politiques contre le harcèlement. «Le respect, c’est important. Notre main-d’œuvre sait que des commentaires comme on en entendait il y a 20 ans ne sont pas tolérés.»

Si l’instauration de tels règlements est généralisée dans les entreprises, le PDG estime que la clé est de les appliquer dans la pratique. «Souvent, c’est affiché au mur, mais, sur le terrain, c’est complètement autre chose. Chez nous, c’est important que ça se reflète sur le chantier.»

On voit des visages féminins sur pratiquement tous nos sites. On se fait une fierté d’engager ces gens.

— Jean-François Coudé

Alors que le milieu de la construction est connu pour être encore traditionnellement masculin, comment Cegerco a-t-elle pu opérer un changement des mentalités au sein de ses effectifs? «Ce que j’ai remarqué, c’est qu’il suffit de la présence d’une seule fille sur le site pour que les autres soient plus courtois. Et plus on en a dans l’entreprise, plus nos gens sont conscientisés sur ce genre d’agissements et les conséquences qu’ils peuvent avoir sur notre secteur.»

Deux femmes figurent parmi les cinq membres de la direction de Cegerco. Sur la photo (de gauche à droite): Sébastien Sheehy, vice-président Bâtiments; Valérie Gilbert, vice-présidente Finances et Administration; Marie-Claire Baril, vice-présidente aux opérations à Montréal; François Caron, vice-président travaux civils; Jean-François Coudé, président-directeur général de Cegerco. Photo: Steeve Picard

«On sait que c’est encore une industrie macho, mais qui est portée à évoluer. Il faut changer les comportements, en embauchant des femmes, peu importe le domaine.» Il conseille également d’assurer un suivi régulier auprès des nouvelles recrues au sujet de leur expérience vécue sur le terrain. «Et on doit réagir au plus vite s’il y en a une qui avoue hésiter à rester en poste parce qu’elle se fait intimider ou harceler.»

Le fait que de nombreuses femmes comptent parmi les gestionnaires sur les chantiers permet d’ailleurs d’augmenter le sentiment de confiance chez les employées. «Elles sont plus sensibles dans les cas où une collègue subit des comportements désobligeants. Elles ont l’autorité pour intervenir et règlent donc rapidement la situation.»

«Peu importe la fonction qu’elle occupe dans l’entreprise, une femme sera respectée et à sa place. On fait tout pour que les gens se sentent bien chez nous. C’est sûr que ça finit par se refléter.»

 

Le prix Reconnaissance-mixité

Le prix Reconnaissance-mixité, créé par l’ACRGTQ, est une distinction qui récompense les entrepreneurs du secteur de la construction pour leurs efforts dans la création de chantiers inclusifs et mixtes. Cette initiative s’inscrit dans la volonté de l’ACRGTQ de promouvoir et valoriser l’accès des femmes aux métiers de la construction.

Sur la photo, de gauche à droite: Me Gisèle Bourque, directrice générale de l’ACRGTQ; Marie-Claire Baril, vice-présidents aux opérations à Montréal, et Marie-Pier Tremblay, coordonnatrice développement et gestion SSEQ chez Cegerco; et Jean-Pierre Rioux, vice-président principal, directeur cautionnement pour le Québec et directeur du développement des affaires construction de AON. Photo: Normand Huberdeau, Groupe NH Photographes