Comment attirer les jeunes en génie civil et voirie ?
Entrevue avec Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ
Dans le contexte de la pénurie de travailleurs en construction, qui touche aussi le génie civil et la voirie, il est intéressant d’analyser le sondage que le Conseil du patronat du Québec (CPQ) et l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés du Québec ont commandé à la firme de sondage Léger, en 2023, pour connaître les préférences des travailleurs âgés de 16 ans et plus sur le marché du travail. Discussion avec Karl Blackburn, président et chef de la direction du CPQ.
par Stéphane Gagné
D’entrée de jeu, précisons que la firme Léger a sondé les travailleurs dans tous les secteurs d’activité économique. Pour les fins de cet article, nous ne nous intéresserons qu’à la catégorie de gens sondés âgés de 16 à 34 ans. Ce sondage Web a été réalisé auprès de 802 personnes actives sur le marché du travail. Différents constats ressortent, qui peuvent influencer les jeunes intéressés par des emplois en génie civil et voirie.
Retenir les jeunes travailleurs
Avant tout, il y a l’enjeu de la mobilité de la main-d’œuvre. Le sondage révèle qu’un important pourcentage de jeunes (59 % chez les 16 à 24 ans et 40 % chez les 25 à 34 ans) ont l’intention de changer d’emploi d’ici 5 ans. Or, dans le contexte où le Québec a besoin de beaucoup de gens en génie civil et voirie, il serait souhaitable de pouvoir les garder une fois qu’ils sont formés. Karl Blackburn croit qu’il faut pour cela bien faire connaître les métiers du secteur. Les programmes d’alternance travail-études offerts par plusieurs écoles des métiers de la construction permettent cela. Les jeunes peuvent s’initier à un métier, dans le cadre de leur scolarité, en étant payés.
Selon le sondage, les jeunes considèrent le salaire
comme un facteur très important dans le choix de leur carrière.
Une autre façon de démystifier les métiers en génie civil est le programme des ambassadeurs, mis en place par l’Ordre des ingénieurs du Québec. Ces leaders sont bien placés pour faire connaître et apprécier tous les métiers en génie, dont ceux en génie civil et voirie.
Salaires, horaires et vacances
Les salaires, la possibilité d’avoir un horaire flexible et davantage de jours de vacances sont des aspects qui ressortent très fortement auprès des répondants de 16 à 34 ans. Ainsi, 94 % des jeunes considèrent le salaire comme un facteur très important à important dans le choix de leur carrière. Or, cet élément avantage les emplois en génie civil et voirie, étant donné que « les salaires y sont très bons et les études, assez courtes pour ceux qui choisissent un métier manuel », dit le président du CPQ.
Au chapitre de la flexibilité des horaires de travail, près de 9 jeunes sur 10 jugent cet aspect très important à important. « La possibilité de travailler avec des horaires flexibles est assez mince dans les métiers en génie civil et voirie, mais elle est présente dans les postes de gestion », indique Karl Blackburn.
Le nombre de jours de vacances a aussi une grande importance pour les jeunes (84 % d’entre eux considèrent cela comme très important à important). Or, contrairement à ce que bien des gens pensent, les vacances en génie civil et voirie sont de quatre semaines par année, donc pas uniquement les deux semaines de vacances « de la construction ». « C’est cependant certain que les employeurs veulent profiter de la période estivale, plus propice pour le travail extérieur », souligne Karl Blackburn.
Carrière épanouie, avancement et employeur écoresponsable
Les répondants de 16 à 34 ans jugent important de travailler dans un milieu stimulant, qui offre de l’avancement, avec un bon gestionnaire écoresponsable. Ainsi, 93 % des jeunes sont tout à fait d’accord et plutôt d’accord avec la possibilité d’avoir une carrière épanouie en progressant au sein d’une même entreprise. Avoir une bonne relation et se sentir proche de son gestionnaire est aussi une affirmation avec laquelle les répondants sont majoritairement d’accord. Enfin, l’ampleur de la crise environnementale vécue actuellement interpelle les jeunes ainsi que les enjeux sociaux. Près des trois quarts de ces gens se disent d’accord avec l’affirmation selon laquelle il est important de travailler pour un employeur engagé. Cela signifie, par exemple, qu’il doit faire des gestes concrets en environnement, en promotion de la diversité et de la santé psychologique. Les employeurs en génie civil et voirie devraient donc tenir compte de ces aspects lors de l’embauche de jeunes. ■