Financement de votre équipement

Chronique Finances
Avis d’expert

Le contexte actuel n’est pas de tout repos pour les entreprises en construction. Effectivement, la pénurie de main-d’œuvre, ainsi que les problèmes d’approvisionnement amènent leurs lots de défis. Et, si plusieurs entrepreneurs les relèvent courageusement, l’augmentation des coûts de financement vient ajouter une couche de difficultés qui est loin d’être négligeable. Voici quatre raisons qui expliquent, en grande partie, le changement drastique observé dernièrement dans la tarification.

Par Christophe Bouchard *

1ère raison
Les mesures de support à la pandémie

Durant les derniers mois, nous avons entendu à maintes reprises que les interventions de la banque centrale, ainsi que les mesures gouvernementales ont eu des effets plus que notables sur les niveaux de liquidités dans l’économie.
Les programmes d’aides et de subventions, ainsi que la réduction des taux d’intérêt ont effectivement facilité financement et investissement, autant pour les particuliers que pour les entreprises.
L’objectif se voulait de sauver l’économie.

Dans ces types de crise, les mesures ciblent normalement les secteurs primaires, telles que la construction, les infrastructures, l’exploitation des ressources naturelles, etc. Entre autres, parce qu’ils constituent le cœur de notre économie et que les liquidités dont ils profitent se propagent ensuite naturellement vers les secteurs secondaires et tertiaires.

Ces montants importants instillés dans tous les secteurs de l’économie ont entraîné des dépenses importantes dans des milieux comme celui du divertissement, du commerce de détail, de la restauration, etc. C’est ce qui a fait augmenter les prix de manière généralisée.

Cette augmentation subite de la valeur du panier d’achat se voulait un signe précurseur d’une récession et la banque centrale a voulu en atténuer les impacts potentiels, en procédant à une augmentation du taux directeur. Comme celui-ci est directement lié au taux d’intérêt, l’impact sur la tarification a été immédiat.

2e raison
La fragmentation des services de financement

Dans un contexte de surchauffe de l’économie, on observe souvent une multiplication de nouveaux petits joueurs, et ce, dans n’importe quel secteur d’activité. Entre autres, parce qu’il est facile pour tous d’investir dans des projets entrepreneuriaux et de profiter de cet élan de positivisme.

Sans nécessairement avoir de valeur ajoutée importante, ces petits projets entrepreneuriaux survivent, prennent leur place et compétitionnent au côté d’autres petits projets, pour ainsi créer une multitude d’intermédiaires qui fragmentent le produit ou le service et constituent au bout du compte une chaîne de valeurs avec beaucoup de maillons.

Concrètement, ça veut dire quoi ?

Bref, le financement, qui était normalement offert uniquement par la banque, se trouve à être proposé par un concessionnaire, puis par un courtier d’équipements, ensuite par un courtier en financement, en passant par les fabricants, etc. Tous ces maillons se versent des commissions et vous vous retrouvez à payer des intérêts de quelques centaines de points de base supplémentaires sur votre financement.

À l’inverse, lorsque l’économie ralentit, les maillons faibles lâchent et se consolident avec les maillons forts. Le produit ou le service retrouve alors une efficience normale.

3e raison
La perception du risque économique

Cette surchauffe de l’économie est aussi fortement observée par les banques, qui viennent calibrer leurs modèles de risques pour en ajuster la tarification.

En effet, la probabilité de défaut des prêts est augmentée, le montant que la banque pense recouvrer lors de la vente de l’équipement est diminué et la possibilité qu’elle le recouvre l’est encore davantage. Ces trois éléments augmentent les pertes potentielles d’argent, et engendrent chez les prêteurs un cycle de prudence.

La banque ajuste alors ses modèles de cotation de risque qu’elle attribue aux prêteurs. Sur une échelle de 1 à 20, couramment utilisée dans le domaine, elle peut vous faire passer d’une cote de 8 à 9 et faire augmenter la tarification de quelques centaines de points de base aussi.

Pourquoi les banques procèdent-elles ainsi ?

Entre autres, pour mitiger le surcroît de risque qu’elles prennent. Aussi, parce qu’elles doivent augmenter les montants qu’elles allouent aux provisions, en prévision des pertes potentielles, ce qui réduit le niveau de liquidités auquel elles ont accès et peut les forcer à s’approvisionner sur le marché pour se procurer des capitaux qui leur coûteront plus cher.

4e raison
L’augmentation des frais connexes

En plus d’augmenter les taux d’intérêt, il faut savoir que les banques peuvent ajuster leur tarification, en jouant aussi sur les frais connexes de financement. Par exemple, des coûts peuvent vous être chargés pour des frais de gestion ou pour le déboursement des montants dans votre compte.

Le premier avantage pour les banques, c’est qu’il n’y a pas de dépenses associées à ces revenus dans leurs états financiers. Ce sont des profits directs.

Le deuxième avantage, c’est qu’il n’est pas évident pour les emprunteurs de déceler ces frais dans des contrats de financement qui peuvent parfois faire plusieurs pages.

Certaines banques vont camoufler une augmentation de ces tarifs, avec une diminution des taux d’intérêts.

Qu’est-ce que ça donne ?

Au final, tous les emprunteurs ont été impactés par une augmentation importante de la tarification. Ceux qui faisaient affaire avec la même banque depuis toujours ont commencé à chercher ailleurs pour voir s’ils ne pouvaient pas trouver mieux. Et vous devriez les imiter. ■

* Christophe Bouchard est président et fondateur d’Acquiso