Au Québec la Commission de la construction du Québec (CCQ) évaluait, en 2019, à plus 15,9 milliards de dollars les dépenses en immobilisations du secteur génie civil et voirie.
Le secteur du génie civil et voirie, c’est aussi une chaîne complexe de réalisation des travaux et des approvisionnements. Cartographie.
Par Marie Gagnon
Empruntée aux sciences naturelles, la notion d’écosystème exprime en économie la diversité des intervenants dans un domaine donné, et la complexité de leurs rapports. On peut donc qualifier le secteur québécois du génie civil et voirie d’écosystème : un secteur aux multiples facettes qui compte, en plus des donneurs d’ouvrage, quelque 2 550 entrepreneurs et d’innombrables fabricants et fournisseurs de produits, services et matériaux, firmes de professionnels et organismes divers.
Rappelons qu’au Québec la Commission de la construction du Québec (CCQ) évaluait, en 2019, à plus 15,9 milliards de dollars les dépenses en immobilisations du secteur génie civil et voirie. De son côté, l’Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ) estime que les entrepreneurs du secteur dépensent en moyenne, hors salaires, près de 54 % de leurs revenus en biens et services.
Quatre catégories
Mis à part les donneurs d’ouvrage et les entrepreneurs, ce marché colossal se compose de quatre catégories de fournisseurs, à savoir : les firmes d’experts-conseils et les entreprises de services, les manufacturiers de produits et matériaux de construction, les grossistes et distributeurs ainsi que les détaillants. Au Québec, la filière regroupe ainsi 51 sociétés d’ingénierie, qui offrent des services de consultation et d’expertise et emploient plus de 15 000 salariés, et 57 firmes d’arpenteurs-géomètres, qui fournissent du travail à plus de 14 000 personnes.
On dénombre également plus de 3 000 manufacturiers de matériaux et autres produits de construction qui embauchent quelque 75 000 personnes. Parmi eux, quelques fournisseurs quasi exclusifs au secteur génie civil et voirie, dont les fabricants de béton, d’asphalte et d’agrégats. Les enrobés et les matières granulaires sont en effet des intrants stratégiques essentiels à la construction de routes et de chaussées. Tout comme le béton est un intrant essentiel à la réalisation d’ouvrages d’art.
Ainsi, pour construire une route ou un pont, on aura besoin de bitume et/ou de béton, de liants, de matières granulaires, de machinerie et de camions pour le transport. Au Québec, plus de 50 % des ventes de granulats sont ainsi destinées au secteur génie civil et voirie, et plus de 45 % des ventes vont à l’industrie du béton pour la construction d’immeubles.
Le secteur génie civil et voirie a eu de tout temps un effet accélérateur sur l’économie du Québec. Et malgré le contexte sanitaire difficile, les investissements publics annoncés récemment permettront de le soutenir au cours des prochaines années.
« Il y a autour de 700 sites de carrières commerciales, dont environ 350 sites qui sont exploités par nos membres, signale Pierre Tremblay, directeur du service science, technologie et innovation de l’ACRGTQ. L’ensemble de ces sites est responsable de 90 % de la production de matériaux granulaires du secteur, soit autour de 74 millions de tonnes par année. On compte aussi une cinquantaine d’usines d’asphaltes mobiles et environ 150 usines fixes. »
Marché mouvant
Il ajoute que le marché du bitume a connu beaucoup de mouvement ces dernières années. Certains joueurs, comme Shell, ont notamment disparu de l’écran radar. À l’heure actuelle, seuls cinq joueurs se partagent le marché. Il s’agit de Kildair, Suncor, Bitumar, MacAsphalt et Coco Asphalt Engineering.
Pierre Tremblay observe le même phénomène du côté des fournisseurs de béton, où les quelque 160 usines de production sont concentrées entre les mains d’une cinquantaine d’entreprises.
On note toutefois peu de changement du côté des cimentiers. « Ils ne sont pas nombreux, on parle de quatre fabricants au Québec, soit CRH, Ciment Québec, Lafarge et Ciment McInnis, relève Pierre Tremblay. Depuis une vingtaine d’années, les usines ne font que changer de main. À part, McInnis, dont l’arrivée est récente, et Ciment Saint-Laurent qui n’existe plus, c’est un marché oligopolistique, qui fait intervenir les mêmes joueurs. »
Le secteur génie civil et voirie a eu de tout temps un effet accélérateur sur l’économie du Québec. Et malgré le contexte sanitaire difficile, les investissements publics annoncés récemment permettront de le soutenir au cours des prochaines années. ■
Vue d’ensemble.
Entrepreneurs ou fournisseurs, ils ont contribué à façonner le Québec d’aujourd’hui. On leur doit notamment :
325 000 km de routes, 31 000 km d’autoroutes
14 000 ouvrages d’art (ponts, viaducs, réseaux publics et municipaux)
34 272 km de lignes électriques
269 centrales hydro-électriques, dont 62 appartenant à Hydro-Québec
44 parcs éoliens sous contrat
avec Hydro-Québec
66 km de lignes de métro