MAGAZINE CONSTAS

La gestion des émissions de poussières et du bruit

Deux défis particulièrement importants pour l’industrie du génie civil et de la voirie

Sur les chantiers de construction, dans les carrières et usines de béton bitumineux ou de ciment, les entreprises font face à des enjeux techniques majeurs pour respecter la réglementation environnementale, assurer un milieu de travail adéquat et limiter les inconvénients pour les citoyens avoisinants.

par Xavier Turcotte-Savoie et Fannie McMurray Pinard, ing., ACRGTQ

 

 

Des canons à neige adaptés permettent de gérer les poussières émises dans l’air sur les chantiers. Photo: Voghel

 

Capturer la poussière

«Une solution de contrôle ponctuel des poussières est par la brumisation d’eau», explique Pascal Gosselin, chef du développement des affaires chez Voghel. «On projette des gouttelettes d’eau dont on a calibré la grosseur en fonction des particules à arroser. Quand la gouttelette est pleine de poussière, sa densité devient plus grande et elle tombe par terre.»

Cette technique est réalisée grâce à des brumisateurs. Cet équipement consiste à pulvé­riser de l’eau pressurisée afin de contrôler la poussière localement. Les brumisateurs permettent de projeter des gouttelettes d’eau à des endroits précis, comme une pièce d’équipement en fonction, un convoyeur ou un concasseur. Il est également possible de contrôler la poussière à plus grande échelle à l’aide d’un canon à eau. La brumisation d’eau ne consiste pas à détremper tout le matériel, mais bien à l’humidifier pour ainsi capter les poussières.

Une autre méthode efficace est le contrôle par aspiration à la source. Des équipements de confinement et d’aspiration de la poussière s’adaptant à des convoyeurs de carrières, de mines et de cimenteries, par exemple, intègre des rouleaux en acier galvanisé, des panneaux extérieurs et un capot qui rendent les convoyeurs étanches, explique le directeur des ventes chez Brunone, Pierre St-Amant.

 

 

Membres associés de l’ACRGTQ
Contrôler les poussières de chantiers et le bruit, un geste bénéfique

Chers lecteurs,

Dans cette rubrique destinée aux membres associés, je vous présente un article abordant la gestion des émissions de poussières et de bruit sur les chantiers.

Lorsque l’on aborde le développement du territoire, il y a nécessairement des enjeux liés au respect des normes environnementales, de santé et de sécurité ainsi qu’à la cohabitation entre les citoyens et les chantiers avoisinants. Le contrôle des poussières de chantiers et du bruit font partie de ces défis liés au développement urbain.

Des entreprises telles que Voghel, Brunone et Soft dB vous expliquent les enjeux techniques existants ainsi que les méthodes auxquelles elles ont recours en guise de réponse de notre industrie à ces enjeux.

Je tiens, enfin, à réitérer que tous les membres associés peuvent nous suggérer des sujets futurs que nous pourrons aborder dans cette rubrique. Vos suggestions peuvent être acheminées à redaction@magazineconstas.com.

Bonne lecture,

Me Guy Gilain
Président du comité des membres associés de l’ACRGTQ
Associé | Miller Thomson S.E.N.C.R.L.

Guy Gilain

 

 


 

 


 

L’objectif consiste à maintenir une pression négative dans le parcours pour éviter que les particules s’échappent. Un filtre peut également être ajouté pour retourner les poussières et particules vers le convoyeur. Cette technologie a donc pour avantage de limiter les pertes de matières et de réduire les coûts de maintenance des équipements.

Enfin, d’autres techniques, comme l’épandage d’agglomérant, captant la poussière et éliminant sa volatilité, complètent l’éventail d’outils dont disposent les entreprises pour gérer les émissions de particules.

Il importe, par ailleurs, que la réglementation environnementale concorde avec les particularités de l’industrie afin que la conformité des installations soit effectuée selon des paramètres représentatifs des carrières, des usines et des chantiers. L’ACRGTQ échange à ce propos avec le ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs dans un atelier de travail conjoint où des experts réalisent des modélisations de la dispersion atmosphérique.

Limiter la propagation du bruit

Un autre défi rencontré dans l’industrie du génie civil et de la voirie est le maintien d’un niveau de bruit acceptable, tant pour la sécurité des travailleurs que pour le confort des citoyens à proximité.

Anthony Gérard, directeur acoustique et vibrations chez Soft dB, rappelle que le bruit est une onde qui se propage dans l’air, de la source au récepteur. Pour le contrôler, « soit on s’attaque à la source du bruit, soit on s’attaque au chemin de propagation, soit on s’attaque au récepteur », dit-il. Les mesures de contrôle étant difficilement applicables au récepteur lorsqu’il s’agit de citoyens, il reste les deux premières options.

Les mesures à la source sont généralement priorisées. Anthony Gérard cite, entre autres, l’optimisation du positionnement des équipements par rapport aux récepteurs sensibles, leur entretien adéquat et l’encoffrement, dont l’ampleur varie selon les besoins, allant de l’encoffrement par contreplaqués d’un moteur à la mise sous bâtiment d’un équipement.

Brunone offre des équipements de confinement et d’aspiration de la poussière, qui s’adaptent aux convoyeurs. Photo: Brunone Canada

 

L’aménagement d’écrans antibruit est une des mesures les plus courantes limitant la propagation du bruit. Les buttes antibruit sont notamment faciles à aménager en carrière, car le matériel et l’équipement pour les réaliser sont déjà disponibles sur place. Sur un chantier, du contreplaqué ou des écrans acoustiques composés notamment d’un système de toiles et de structures en acier galvanisé sont très bien adaptés. Anthony Gérard rappelle toutefois l’importance de bien planifier leur emplacement et leur hauteur pour garantir leur efficacité.

Les seuils de bruit à respecter varient selon le site: carrières et usines doivent respecter des normes réglementaires, tandis que sur les chantiers, les seuils sont généralement déterminés contractuellement et peuvent nécessiter un plan de gestion du bruit.

La modélisation acoustique des activités prévues peut révéler un besoin de mesures d’atténuation. Anthony Gérard souligne que réduire le bruit est complexe: « En acoustique, il y a deux échelles de bruit: l’échelle physique et l’échelle de perception. L’échelle physique est une échelle logarithmique, donc réduire le bruit de 10 décibels pondérés A (dBa) veut dire qu’on doit contrôler 90% de l’énergie acoustique. Sur l’échelle perceptive, c’est deux fois moins fort si on réduit de 10 dBa. Alors que si on veut réduire de 20 dBa, il faut contrôler 99% de l’énergie sonore; en termes de perception, ce sera alors perçu comme quatre fois moins fort. »

 

Les écrans acoustiques réutilisables de Soft dB permettent de réduire le bruit sur les chantiers de construction et les sites industriels. Photo: Soft dB

[Pour contrôler le bruit] soit on s’attaque à la source du bruit, soit on s’attaque au chemin de propagation, soit on s’attaque au récepteur.

— Anthony Gérard

En conclusion, Anthony Gérard recommande d’abord de cibler les sources de bruit ayant le plus de répercussions pour tout projet nécessitant une réduction sonore importante. Une analyse rigoureuse et une ingénierie adaptée sont essentielles pour identifier les zones critiques et planifier les mesures efficaces. ■