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Hydro-Québec en route vers un changement de culture en santé-sécurité

Entrevue avec Nancy Guénette, Directrice Acquisitions Services

La direction d’Hydro-Québec Innovation, équipement et services partagés aspire à devenir un chef de file en matière de santé et sécurité au travail dans l’industrie de la construction. Pour y arriver, la société d’État compte poursuivre l’amélioration de sa présence sur le terrain, mais également en remontant à la source en travaillant davantage avec les entrepreneurs.

Par Florence Sara G. Ferraris

« La santé et la sécurité en milieu de travail, c’est l’affaire de tous, lance d’emblée la directrice Acquisitions Services chez Hydro-Québec, Nancy Guénette. Pour qu’il y ait un véritable changement de culture, il faut travailler avec chacun des maillons de la chaine. »

« Les entrepreneurs jouent un rôle significatif dans la création d’un climat de travail sain et sécuritaire. » – Nancy Guénette

La société d’État estime ainsi qu’un premier effort doit être réalisé auprès des entrepreneurs qui désirent obtenir l’un des nombreux contrats qu’elle soumet à l’industrie. « Nous sommes un des plus grands donneurs d’ouvrage du Québec », souligne la gestionnaire. De fait, juste en 2016, la construction de nouveaux projets et la maintenance des actifs ont mobilisé plusieurs centaines de travailleurs du milieu de la construction. « C’est notre rôle et notre responsabilité de prendre les moyens nécessaires pour améliorer la santé et la sécurité en milieu de travail. »

 

« On aimerait que nos entrepreneurs rencontrent leurs employés au début de chaque quart de travail afin d’établir un échange dynamique et proactif. L’idée est que les travailleurs sentent qu’ils ont le temps et l’espace pour s’exprimer, pour poser des questions. On souhaiterait aussi voir un système de rétroaction être mis en place. » CR: Hydro-Québec

 

Prévention en amont

Pour y arriver, Hydro-Québec a notamment procédé au cours des derniers mois à un virage important en matière de critères de sélection des entrepreneurs. Mises sur pied au courant de l’été 2017, ces nouvelles stratégies visent à continuer d’améliorer la santé et la sécurité sur les chantiers qui sont sous son autorité. Les premiers résultats de cette optimisation des pratiques devraient pouvoir être connus en ce début d’année 2018.

« Il fallait travailler à la source, note Nancy Guénette. Les entrepreneurs jouent un rôle significatif dans la création d’un climat de travail sain et sécuritaire. » De fait, selon celle qui est active dans le milieu de la construction depuis maintenant six ans, ce sont eux qui, en premier lieu, doivent s’assurer d’adopter eux-mêmes des comportements sécuritaires, mais également d’encourager les bonnes pratiques. En ce sens, « ils sont des partenaires stratégiques pour entamer un changement de culture », soutient la gestionnaire.

Bonnes pratiques

Concrètement, Hydro-Québec a développé un questionnaire pour évaluer de façon systématique la performance des entrepreneurs en matière de santé et sécurité au travail. « On veut en savoir plus sur les outils qu’ils mettent en place pour gérer les différents risques qui se présentent dans leur réalité, explique Nancy Guénette. On veut aussi connaître les habitudes et les manières de faire qui ont cours sur les chantiers. »

Selon la société d’État, la clé du succès en matière de santé et sécurité au travail est la prévention et la sensibilisation. CR: Hydro-Québec

 

La société d’État a également mis de l’avant les pratiques qu’elle souhaite voir être implantées par les employeurs. « On aimerait, par exemple, que nos entrepreneurs rencontrent leurs employés au début de chaque quart de travail afin d’établir un échange dynamique et proactif. L’idée est que les travailleurs sentent qu’ils ont le temps et l’espace pour s’exprimer, pour poser des questions. On souhaiterait aussi voir un système de rétroaction être mis en place. »

Ces façons de faire sont déjà chose courante sur certains chantiers. Nancy Guénette espère à présent que cela fasse boule de neige : « On souhaite s’inspirer des meilleures pratiques pour influencer le marché, avance la gestionnaire. On évalue les pratiques de chacun, on les analyse et quand on trouve qu’il y en a qui sont intéressantes, on suggère aux autres de les adopter à leur tour. »

Renforcement positif

Ce resserrement des critères ne s’est toutefois pas fait dans l’optique d’exclure la candidature de certains entrepreneurs des appels d’offres, précise Nancy Guénette. « En fait, c’est tout le contraire, insiste-t-elle. L’idée est plutôt d’accompagner ceux qui auraient plus de difficultés à satisfaire nos critères, de les aider à corriger le tir. »

L’industrie de la construction est très variable, souligne la gestionnaire. Les employés circulent d’une entreprise à l’autre, au gré de l’ouvrage disponible. « Mettre de côté un entrepreneur ne ferait que repousser le problème. Il vaut vraiment mieux pour tout le monde que des efforts soient faits pour s’assurer que l’amélioration des pratiques en santé et sécurité soit répandue auprès du plus grand nombre d’entrepreneurs. » C’est d’ailleurs sur cela que Nancy Guénette compte se concentrer au courant de l’année à venir.

L’objectif est simple, poursuit celle qui travaille pour Hydro-Québec depuis près de vingt ans : « On aspire à améliorer la performance de tous. Et pour y arriver, il faut que ces changements se fassent, et continuent de se faire, en partenariat avec les entrepreneurs. » •